L’heure de la retraite a sonné
Marie-Michèle Gagnon a confirmé hier qu’elle accrochait ses skis après 272 départs en Coupe du monde
Après trois Jeux olympiques, huit participations au championnat mondial et 272 départs en Coupe du monde, la skieuse MarieMichèle Gagnon prend sa retraite.
Indécise quant à son avenir à l’automne quand elle a amorcé sa 14e campagne en Coupe du monde, Gagnon a pris la décision de se retirer en décembre, mais elle souhaite prendre le départ des trois dernières Coupes du monde de l’année si elle retrouve sa confiance.
« Il n’y a rien de mieux que le championnat mondial pour annoncer ma décision, a-t-elle mentionné, hier, au moment d’officialiser son départ. Ça me libère de partager ma décision avec tout le monde. Ça serait facile de penser que ma décision est reliée à mes chutes et mes résultats depuis le début de la saison, mais ce n’est pas le cas. Ma décision était prise en décembre avant ma grosse chute à Cortina en janvier. »
CONFIANCE À LA BAISSE
Parce qu’elle ne se retrouve pas dans un bon état d’esprit, la fierté de Lac-Etchemin a préféré faire l’impasse sur la descente, hier, aux mondiaux de Courchevel-Méribel.
« Lors de la descente d’entraînement et du super-G, je ne me sentais pas moimême, a-t-elle expliqué. Je n’avais pas confiance et je ne suis pas à un moment de ma carrière où je veux prendre des risques.
« À mon retour à l’entraînement, j’espère retrouver ma confiance et terminer les dernières courses de l’année le coeur léger, de poursuivre Gagnon. J’obtiens mes meilleurs résultats quand je n’y pense pas. J’étais trop concentrée à compléter sur un conte de fées en réalisant mon dernier rêve qui est d’obtenir un podium en descente. »
LONGÉVITÉ ET POLYVALENCE
Gagnon a conclu sa carrière avec deux victoires en Coupe du monde pour un total de cinq podiums.
Ses 272 départs en Coupe du monde et ses 25 au championnat mondial représentent des sommets dans l’histoire canadienne tant chez les femmes que chez les hommes.
« Je n’ai pas skié pour obtenir des records de longévité, mais j’ai réussi à conserver un bon équilibre, ce qui explique ma longue carrière, a expliqué la skieuse de 33 ans. J’étais sérieuse quand c’était le temps, mais j’ai aussi profité des bons moments avec mes coéquipières. Ma transition vers les épreuves de vitesse après dix ans comme technicienne m’a aussi aidée. J’étais heureuse et ça m’a permis de continuer. »
Son fiancé Travis Ganong, qui a lui aussi annoncé sa retraite il y a quelques semaines, a joué un rôle important dans cet état d’esprit.
« Au début de ma carrière, je n’étais pas capable d’avoir un équilibre entre la compétition et le plaisir, mais Travis était très bon là-dedans. »
MEILLEURS MOMENTS
Si ses deux victoires en carrière représentent assurément des moments très forts, Gagnon a chéri la camaraderie avec ses coéquipières.
« Les moments en équipe, c’est ce qui va me manquer le plus, a indiqué celle qui a pris part à ses premiers Jeux à Vancouver en 2010 à l’âge de 20 ans seulement. Je me souviendrai toujours des soirées de jeux de société sur la route où on riait tellement qu’on finissait en pleurant. Les levers de soleil au Chili et en Nouvelle-Zélande sont d’autres événements que j’adorais.
« Les victoires de mes coéquipières Valérie Grenier en slalom géant en décembre dernier et d’Erin Mielzynski en slalom en 2012 comptent parmi mes plus beaux moments en carrière. Nous sommes une petite équipe, mais on peut rivaliser avec les meilleures. Les filles de l’équipe, c’est ma famille. »
BLESSURE IMPORTANTE
Au moment d’amorcer sa transition vers les épreuves de vitesse, Gagnon a subi une blessure à l’entraînement précédant la descente de Lake Louise en 2017.
Ligament croisé antérieur droit déchiré et épaule gauche disloquée l’ont écartée d’une place aux Jeux olympiques de Pyeongchang quelques semaines plus tard.
« Le retour a été plus long que je pensais. En vitesse, tu dois être 100 pour cent confiante sinon tu ne prends pas le départ en raison des risques élevés. Ce fut long de retrouver la confiance. »
Ironiquement, une fracture à une jambe à 18 ans avait incité Gagnon à se tourner vers les épreuves techniques alors qu’elle battait les filles de l’équipe nationale en super-G. Son meilleur résultat aux Jeux olympiques demeure sa huitième place acquise à Pékin, en 2022, en descente.