À quoi s’attendre en 2023?
À la lumière de la dernière année, devenir propriétaire est un rêve de plus en plus inatteignable pour plusieurs. En 2023, est-ce que le prix des maisons va se stabiliser, est-ce que les taux d’intérêt hypothécaires vont baisser, est-ce que l’offre et la demande vont s’équilibrer? Portrait de la situation.
Les enjeux d’accès à la propriété ne datent pas d’hier, et c’est vrai que, au cours de la pandémie, ils ont non seulement été mis en lumière, mais aussi aggravés, comme le souligne Charles Brant, directeur du service de l’analyse des marchés de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).
« Notamment à cause de la surenchère, le prix des maisons a fait un bond d’environ de 40 à 46 %. Les taux d’intérêt dans le secteur de l’habitation ont alors compensé cette hausse dans une certaine mesure, mais très vite, ça n’a plus été suffisant. Puis, en 2022, les taux d’intérêt ont augmenté, la rareté de l’offre ne s’est pas vraiment dissipée, si bien que l’abordabilité est à son plus faible niveau depuis les quarante dernières années. »
DES MESURES D’AIDE POUR LES ACHETEURS
Valeur élevée des maisons et des taux d’intérêt, inflation, capacité d’épargne grugée par l’inflation… les jeunes ménages peinent à accumuler la mise de fonds minimale.
Pour les aider, il existe différentes mesures et subventions, comme l’incitatif à l’achat d’une première propriété de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le régime d’accession à la propriété (RAP) ou encore le crédit d’impôt.
Depuis tout récemment, le gouvernement du Canada offre un nouvel outil : le compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP) qui permet une cotisation maximale de 8000 $ par année (40 000 $ à vie). Parmi ses avantages : les contributions sont déductibles d’impôt et les retraits pour l’achat d’une première maison, y compris le gain de placement, sont non imposables.
« Bien que le CELIAPP devrait être un bon coup de pouce, il va falloir du temps pour en voir les retombées, fait valoir monsieur Brant. Tout le monde n’a pas l’épargne nécessaire pour y cotiser dans un contexte où l’inflation va demeurer importante. De plus, 40 000 $, c’est peu pour effectuer une mise de fonds dans un marché comme celui de Montréal. »
UNE BAISSE DE LA COMPÉTITION
L’analyste croit que le coût des maisons connaîtra un recul au cours de 2023 à la suite, entre autres, de l’évaporation de la prime de la surenchère et à cause des taux d’intérêt hypothécaires qui resteront relativement élevés. « Comme il y aura moins de compétition du fait d’une demande moins forte, les premiers acheteurs vont être en mesure de faire un budget qui se tient, car le prix de la transaction ne devrait pas être trop éloigné de celui affiché, ce qui n’a pas été le cas en 2021 ni au début 2022. Toutefois, les conditions favoriseront encore les vendeurs, mais dans une moindre mesure. »
DE NOUVELLES CONSTRUCTIONS
Charles Brant fait remarquer que si les programmes et subventions soutiennent les acheteurs, ils ne règlent pas pour autant le problème de l’offre. Les chantiers de nouvelles constructions pourraient pallier cette difficulté, mais le prix des matériaux et des terrains ainsi que la pénurie de main-d’oeuvre sont des freins à leur rentabilité pour les promoteurs. En conséquence, de nouveaux projets sont reportés ou compromis.
« Si on n’agit que sur la demande, ça augmente la demande, et maintient donc la pression sur le marché. Il faut absolument agir sur l’offre, notamment au moyen de constructions neuves ou de la réhabilitation, de la réaffectation ou de la rénovation d’espaces existants, bien localisés. »