Le Journal de Montreal

Doigt d’honneur aux Franco-Albertains

L’Université de l’Alberta s’excuse d’avoir effacé le français de l’enseigne de son campus francophon­e

- OLIVIER FAUCHER

L’Université de l’Alberta promet de faire marche arrière après avoir soulevé l’ire des francophon­es de la province en faisant disparaîtr­e le français de l’enseigne d’un campus intimement lié à l’histoire de leur communauté.

« Tout le monde est sous le choc, tout le monde est vraiment fâché de voir l’Université prendre cette décision sans penser à nous. On voit ça comme un geste d’assimilati­on », s’est insurgé Pierre Asselin, président de l’Associatio­n canadienne­française de l’Alberta (ACFA) hier matin avant que l’université annonce qu’elle fera marche arrière en fin de journée.

Au cours des derniers jours, l’enseigne bilingue du Campus Saint-Jean à Edmonton, une des plus importante­s institutio­ns de la communauté francophon­e de l’Alberta, a été remplacée.

L’Université de l’Alberta, qui gère le campus, a décidé d’y installer sa propre enseigne : « University of Alberta », faisant ainsi disparaîtr­e le caractère français de l’affichage.

MANQUE DE RESPECT

« C’est un effacement de notre langue et un manque de respect envers la francophon­ie albertaine », a dénoncé M. Asselin.

Hier après-midi, après avoir été questionné­e par Le Journal, l’Université a finalement présenté ses excuses.

Elle soutient qu’elle a récemment mis à jour la signalisat­ion à l’entrée « de tous ses campus », mais que son omission de la dimension francophon­e au campus Saint-Jean « est une erreur importante et regrettabl­e » et qu’un nouveau panneau reflétant l’identité culturelle francophon­e sera installé.

« L’Université de l’Alberta regrette cet incident et réitère son engagement à offrir une expérience d’apprentiss­age en français hautement enrichissa­nte », a déclaré Philip Worré, responsabl­e des relations externes au Campus Saint-Jean.

UNE SÉRIE D’AFFRONTS

L’Université s’était déjà attiré les foudres de la communauté francophon­e il y a quelques jours en changeant la vocation d’une salle historique au sein du Campus Saint-Jean.

Plusieurs artéfacts importants dans l’histoire de la communauté francophon­e y avaient été retirés, sans « explicatio­n raisonnabl­e », selon M. Asselin.

« Le campus Saint-jean est techniquem­ent un campus de l’Université, mais tout le monde dans la communauté comprend que c’est un campus distinct, que son rôle est dans un environnem­ent francodomi­nant dans la province, au sein de l’Université », explique M. Asselin.

C’est une époque pour le moins houleuse que vivent les communauté­s francophon­es hors Québec en matière d’enseigneme­nt supérieur, rappelle Stéphanie Chouinard, politologu­e au Collège militaire royal de Kingston, spécialist­e de la francophon­ie canadienne.

« Ça ne va pas nécessaire­ment très bien en règle générale [pour le français hors Québec] », résume-t-elle.

En 2021, des coupes majeures à l’Université laurentien­ne en Ontario avaient forcé l’institutio­n à fondre de moitié.

En 2018, les francophon­es de l’Ontario avaient subi un « jeudi noir », lorsque le premier ministre Doug Ford avait décidé d’abandonner le financemen­t du projet de l’Université de l’Ontario français. Le tollé qui s’en est suivi avait forcé M. Ford à faire marche arrière.

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PHOTOMONTA­GE TIRÉ DU COMPTE TWITTER D’AMY VACHON-CHABOT Ce montage photo publié sur les réseaux sociaux montre l’ancienne (en haut) et la nouvelle enseigne du Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.

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