Doigt d’honneur aux Franco-Albertains
L’Université de l’Alberta s’excuse d’avoir effacé le français de l’enseigne de son campus francophone
L’Université de l’Alberta promet de faire marche arrière après avoir soulevé l’ire des francophones de la province en faisant disparaître le français de l’enseigne d’un campus intimement lié à l’histoire de leur communauté.
« Tout le monde est sous le choc, tout le monde est vraiment fâché de voir l’Université prendre cette décision sans penser à nous. On voit ça comme un geste d’assimilation », s’est insurgé Pierre Asselin, président de l’Association canadiennefrançaise de l’Alberta (ACFA) hier matin avant que l’université annonce qu’elle fera marche arrière en fin de journée.
Au cours des derniers jours, l’enseigne bilingue du Campus Saint-Jean à Edmonton, une des plus importantes institutions de la communauté francophone de l’Alberta, a été remplacée.
L’Université de l’Alberta, qui gère le campus, a décidé d’y installer sa propre enseigne : « University of Alberta », faisant ainsi disparaître le caractère français de l’affichage.
MANQUE DE RESPECT
« C’est un effacement de notre langue et un manque de respect envers la francophonie albertaine », a dénoncé M. Asselin.
Hier après-midi, après avoir été questionnée par Le Journal, l’Université a finalement présenté ses excuses.
Elle soutient qu’elle a récemment mis à jour la signalisation à l’entrée « de tous ses campus », mais que son omission de la dimension francophone au campus Saint-Jean « est une erreur importante et regrettable » et qu’un nouveau panneau reflétant l’identité culturelle francophone sera installé.
« L’Université de l’Alberta regrette cet incident et réitère son engagement à offrir une expérience d’apprentissage en français hautement enrichissante », a déclaré Philip Worré, responsable des relations externes au Campus Saint-Jean.
UNE SÉRIE D’AFFRONTS
L’Université s’était déjà attiré les foudres de la communauté francophone il y a quelques jours en changeant la vocation d’une salle historique au sein du Campus Saint-Jean.
Plusieurs artéfacts importants dans l’histoire de la communauté francophone y avaient été retirés, sans « explication raisonnable », selon M. Asselin.
« Le campus Saint-jean est techniquement un campus de l’Université, mais tout le monde dans la communauté comprend que c’est un campus distinct, que son rôle est dans un environnement francodominant dans la province, au sein de l’Université », explique M. Asselin.
C’est une époque pour le moins houleuse que vivent les communautés francophones hors Québec en matière d’enseignement supérieur, rappelle Stéphanie Chouinard, politologue au Collège militaire royal de Kingston, spécialiste de la francophonie canadienne.
« Ça ne va pas nécessairement très bien en règle générale [pour le français hors Québec] », résume-t-elle.
En 2021, des coupes majeures à l’Université laurentienne en Ontario avaient forcé l’institution à fondre de moitié.
En 2018, les francophones de l’Ontario avaient subi un « jeudi noir », lorsque le premier ministre Doug Ford avait décidé d’abandonner le financement du projet de l’Université de l’Ontario français. Le tollé qui s’en est suivi avait forcé M. Ford à faire marche arrière.