L’heure de vérité sonne pour le gouvernement Legault
La Coalition avenir Québec entre dans sa sixième année au pouvoir. Eh oui, déjà ! Malgré le temps qui passe, les troupes caquistes sont encore et toujours bénies des dieux de la politique.
Leur majorité est forte. Leur avance dans les sondages est tenace. L’opposition est fractionnée. La popularité de leur chef, François Legault, tient bon. L’heure de vérité n’en sonne pas moins fort pour son gouvernement.
La gestion active de la pandémie étant derrière lui, son assiette déborde maintenant de partout. Les attentes des électeurs seront à l’avenant.
C’est pourquoi, si des changements pour le mieux ne sont pas faits, l’impression fondée d’un Québec dont les services publics craquent de partout risque de devenir son pire ennemi.
Nos réseaux publics de santé et d’éducation, pourtant les deux mamelles de l’État québécois, sont profondément dysfonctionnels. Pis encore, la privatisation en santé gagne rapidement du terrain.
L’accès rapide des Québécois à des soins de qualité dépend de moins en moins de leurs besoins et de plus en plus de leurs revenus personnels.
En fait, la liste des dossiers complexes dans l’assiette de la CAQ est longue. Inflation. Crise du logement. Itinérance. Crise climatique. Des villes en quête de ressources. Déclin du français.
Intégration des nouveaux arrivants. Relations avec les Premières Nations. Négos avec la fonction publique. Et que dire du fiasco de longue date des soins à domicile, de la DPJ et des services aux personnes handicapées ?
LA TABLE EST MISE
Bref, la table est amplement mise pour le gouvernement Legault. C’est pourquoi cette nouvelle session parlementaire et les suivantes, dont l’élection partielle dans Jean-Talon, annonce son passage le plus périlleux à ce jour.
L’ampleur des problèmes est telle que même ses électeurs les plus fidèles voudront voir bientôt des résultats concrets. Sans compter ce qui se cache dans la boîte de Pandore des finances publiques.
Pour son bouclier anti-inflation, le gouvernement a dépensé plus de 7 milliards $ en chèques directs et baisses récurrentes d’impôt.
Comment fera-t-il alors pour répondre entre autres aux trois nouvelles priorités annoncées la semaine dernière par son propre ministre des Finances : itinérance, habitation et adaptation aux changements climatiques?
Dans ce passage difficile, la mégaréforme de son populaire ministre de la Santé, Christian Dubé, devra aussi produire mieux qu’un énième brassage de structures et une nouvelle manne pour le privé.
LE QUÉBEC SE PORTE MAL
Quant aux partis d’opposition, sortis de l’éclipse de la pandémie, ils pourront jouir d’une visibilité certes limitée, mais meilleure. Déjà fragmentés, gare néanmoins à nourrir entre eux leur propre fragilité.
À la rentrée, tout en critiquant le gouvernement, le chef péquiste Paul StPierre Plamondon s’en est en effet pris à la « gauche radicale ». Une référence à peine voilée à Québec solidaire.
En comparant PSPP et Pierre Poilievre, Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de QS, n’a pas mâché ses mots non plus envers son adversaire péquiste.
Comme quoi le combat entre les deux formations pour tenter de s’imposer comme la « vraie » opposition à la CAQ est loin d’être terminé.
Et Marc Tanguay ? Le chef intérimaire du PLQ dirige un parti en lambeaux. Vivement la chefferie, qu’il doit se dire. En attendant Marwah Rizqy d’ici quelques années, même un chef de transition, ce serait déjà ça de pris.
Au-delà des stratégies des uns et des autres, l’important demeure toutefois inchangé. Le Québec se porte mal. Il faudra bien que les élus s’en occupent.