Le Journal de Montreal

La prison pour un fraudeur

L’employé de banque avait soutiré toutes les économies d’un aîné vulnérable

- MICHAËL NGUYEN

Un ex-employé de banque qui a dépouillé un aîné malade de toutes ses économies et qui espérait s’en sortir avec de la prison à la maison a plutôt écopé de 30 mois de pénitencie­r, en plus de devoir restituer les sommes volées.

La victime « lui avait donné toute sa confiance en signant une procuratio­n. Il a été floué par une personne qu’il considérai­t comme son ami », a noté le juge Yves Paradis, avant de condamner Fadi Hamdan, hier, au palais de justice de Montréal.

Hamdan, 56 ans, a ainsi pris le chemin du pénitencie­r pour la fraude de près de 435 000 $ qu’il a commise sur un aîné vulnérable, et qui s’est échelonnée sur plus de deux ans, à partir de 2015.

À l’époque, il avait rencontré Demetre Visvardis, un Montréalai­s de 89 ans vivant en CHSLD et qui n’avait aucune famille au pays.

Les deux s’étaient liés d’amitié et, compte tenu de l’état de santé de l’aîné, ce dernier lui avait confié la gestion de ses biens. En fait, M. Visvardis lui faisait tellement confiance qu’il l’avait même mis sur son testament.

« M. Hamdan a été trop pressé », a noté le juge.

TERRAIN DANS LE SUD

Ainsi, même s’il gagnait bien sa vie, Hamdan a vidé les comptes de son « ami », petit à petit, jusqu’à ce qu’il ne reste pratiqueme­nt rien. L’argent lui a permis d’acheun ter terrain en Équateur, ou encore de gonfler le REEE de ses enfants.

Il s’est toutefois fait attraper quand une travailleu­se sociale a demandé à avoir accès à des documents relatifs aux finances de l’aîné, qui est finalement décédé en mai 2020 après avoir changé son testament pour tout léguer à des organismes de bienfaisan­ce.

« La quiétude de la dernière partie de sa vie a été troublée », a déploré le magistrat.

Coupable de fraude, Hamdan espérait s’en sortir avec de la prison à domicile. Car comme il était le seul soutien de ses deux enfants et de sa mère malade, l’incarcérat­ion aurait été néfaste pour eux, selon lui.

« M. Hamdan s’est engagé dans cette aventure criminelle sachant que ses fils étaient jeunes, que sa mère était âgée et que sa présence leur était utile », a toutefois rappelé le juge en rejetant l’argument.

IL SE PLAINT SANS SUCCÈS

Le fraudeur avait également tenté de s’attirer la pitié du magistrat en se plaignant de ne plus être capable de se trouver d’emploi « décent » et qu’il n’était même plus capable de se payer de femme de ménage, mais encore là, il n’a pas réussi à émouvoir le juge.

Ce dernier s’est plutôt rangé derrière les arguments de Me Nicolas Ammerlaan, de la Couronne, qui réclamait une peine de 30 mois de pénitencie­r, ainsi qu’une amende de 154 000 $, considéran­t que Hamdan a déjà remboursé une partie des fonds volés.

« À défaut de paiement de cette amende [...], M. Hamdan sera condamné à purger une peine de 24 mois [additionne­ls] », a tranché le juge.

Le fraudeur, qui n’a exprimé aucun remords, continue de clamer son innocence, et a porté la cause en appel.

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PHOTO D’ARCHIVES MICHAËL NGUYEN Fadi Hamdan au palais de justice de Montréal en juin.

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