Un double meurtre qui serait sans lien avec la mafia
Adèle Sorella accusée d’avoir tué ses enfants subit un troisième procès
La Couronne entend démontrer qu’Adèle Sorella est celle qui a tué ses deux enfants avant de tenter de se suicider il y a 14 ans, et que la mafia n’a rien à voir avec ce drame.
« C’est elle qui avait l’opportunité exclusive, elle s’est retrouvée seule avec ses fillettes [ce matin-là], c’était prévu », a lancé Me MarieClaude Bourassa, procureure de la Couronne.
Elle a exposé à la juge Myriam Lachance la théorie de la poursuite pour ce troisième procès qui s’est ouvert hier matin à Laval.
Le 31 mars 2009, Amanda, 9 ans, et Sabrina, 8 ans, ont été retrouvées sans vie dans leur résidence. Elles étaient allongées côte à côte sur le sol de la salle de jeu. Leur corps ne présentait aucune trace de violence.
D’ailleurs, si les enfants ont été retrouvées en fin de journée, c’est parce que l’accusée elle-même avait demandé à son frère de se rendre chez elle, insistant pour que la grand-mère des petites ne s’y trouve pas.
Quelques heures plus tard, Adèle Sorella avait percuté à haute vitesse un poteau en bordure de la route.
« Notre théorie est celle du suicide élargi », a exposé Marie-Claude Bourassa.
COUPABLE DEUX FOIS
L’accusée a déjà été reconnue coupable deux fois du meurtre de ses enfants. Ainsi, il s’agit d’une rare fois dans le système de justice québécoise qu’un troisième procès a lieu pour un même crime.
Et il se déroulera de façon singulière : aucun témoin ne se présentera à la barre. La preuve entière du deuxième procès a été déposée dans son entièreté au dossier.
Des témoignages de témoins importants seront écoutés à même la salle d’audience.
La défense entend démontrer que ce sont des membres du crime organisé qui auraient pu s’en prendre aux enfants.
Au moment du drame, leur père, Giuseppe De Vito, caïd lié à la mafia montréalaise, était en cavale.
Il a été assassiné au cyanure quelques mois après le premier procès de Mme Sorella.
C’est d’ailleurs parce que la juge du deuxième procès avait refusé à la défense de plaider cette théorie que la Cour d’appel du Québec a ordonné un troisième procès.
« ABSENCE DE PREUVE »
Or, « l’absence de preuve » quant à l’éventuelle implication d’un tiers dans le meurtre des filles ne soulèvera pas de doute raisonnable dans l’esprit de la juge, a insisté Me Bourassa.
Elle a rappelé que le crime est survenu peu de temps après le dernier contact entre Adèle Sorella et son mari alors en fuite.
Elle était d’ailleurs très dépressive et avait déjà fait des tentatives de suicide.
Selon la Couronne, Adèle Sorella aurait tué ses enfants en les privant d’oxygène, en utilisant une chambre hyperbare.