Le Journal de Montreal

Crise du logement : où est le sentiment d’urgence ?

LONDON | On s’attendait à une « grosse » annonce sur la pénurie de logements.

- guillaume.st-pierre2 @quebecorme­dia.com

Après tout, Justin Trudeau arrivait à London, en Ontario, pour y rencontrer ses députés de plus en plus nerveux face à la montée de Pierre Poilievre.

Pour ajouter aux attentes, le ministre responsabl­e du logement Sean Fraser avait promis une « grosse » annonce jamais vue au pays !

On a plutôt eu droit à du réchauffé, qui a mis en lumière notre phénoménal retard en matière de constructi­on de logements.

En soi, c’est une bonne nouvelle : la ville de London est devenue la première ville au pays à se prévaloir d’un fonds spécial créé par Ottawa pour accélérer la constructi­on de 2000 logements sur trois ans.

À PAS DE TORTUE

Très bien, mais ce fonds a été annoncé… dans le budget de 2022. Cela aura donc pris un an et demi pour qu’une première ville en profite.

Des incitatifs financiers aux villes qui bâtissent ; l’idée est bonne.

Politiquem­ent, il s’agit d’une réplique concrète à Pierre Poilievre, qui promet de forcer les municipali­tés à construire plus vite.

Entre la carotte ou le bâton, les libéraux ont choisi la carotte.

Or, le Fonds pour accélérer la constructi­on de logements, doté d’un budget de 4 milliards vise à construire plus rapidement 100 000 nouveaux logements d’ici 2027. C’est une goutte dans l’océan.

La Société canadienne d’hypothèque et de logement a publié un autre rapport hier qui donne le vertige.

Si le Canada poursuit son boom démographi­que, il aura besoin de 4 millions de logements supplément­aires pour rétablir l’abordabili­té qui existait il y a 20 ans.

Pas 4 millions de logements tout court, mais 4 millions de plus de que ce qui est prévu.

Un portrait qui s’assombrit davantage quand on apprend que le nombre d’itinérants au Québec a bondi de 44 % depuis 2018, pour atteindre 10 000 personnes.

Les députés libéraux croisés à London durant leur retraite aiment citer la pandémie pour vanter leur gestion de crise.

« Les Canadiens savent qu’ils peuvent nous faire confiance pour qu’on soit là pour eux », disent-ils.

On a eu droit à du réchauffé, qui a mis en lumière notre phénoménal retard en matière de constructi­on de logements.

UNE VRAIE CRISE

Le fédéral a en effet mis en place des programmes d’aide en des temps records durant la pandémie.

Mais où est le même sentiment d’urgence au sein du gouverneme­nt Trudeau pour s’attaquer à celle du logement ?

Le fédéral ne peut évidemment pas tout faire seul.

Les provinces et les municipali­tés sont sur la ligne de front.

Une crise d’une telle ampleur ne se règle pas en une fin de semaine.

Mais servir du réchauffé ne donnera pas aux Canadiens un logement décent qu’ils peuvent se payer.

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