Le Journal de Montreal

Une montée fulgurante que nous ne devons pas normaliser

- Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique

L’itinérance est en montée fulgurante à travers le Québec. Tellement qu’on risque tous, gouverneme­nts et citoyens, de finir par s’y habituer. Or, il ne faut surtout pas s’y résigner.

Encore moins se contenter béatement de « cohabiter » avec l’itinérance. Parce que dans une société riche comme la nôtre, cela voudrait dire que l’on accepterai­t de normaliser ce qui, dans les faits, tient de la misère humaine.

Vendredi, à Québec, aura lieu le Sommet municipal sur l’itinérance. Le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, y sera. Cette fois-ci, devant le désarroi des maires et mairesses, au lieu de leur demander de « baisser le ton », espérons qu’il saura se mettre en mode écoute.

PREMIÈRE PISTE

Une première piste repose dans une étude commandée par l’Union des municipali­tés du Québec à la firme AppEco analyse stratégiqu­e. Elle confirme toutefois une évidence.

Soit que d’offrir des logements aux sansabri coûterait moins cher au trésor public que la brochette actuelle de refuges, soins hospitalie­rs, psychiatri­ques et autres, cantines, patrouille­s policières, etc.

Radio-Canada rapporte que, selon l’étude, « une personne sans logis engendre des coûts de 72 521 $ par année pour la société », mais si on lui offre un logement permanent, le montant chute à 65 193 $.

La raison ? Avec la sécurité d’un chezsoi, le recours répété aux autres types de soins et refuges baisserait lui aussi.

Mais vous savez quoi ? L’argument le plus puissant n’est pas tant l’argent que la qualité de vie et la dignité que cette approche redonnerai­t aux itinérants. Et la dignité est une valeur fondamenta­le.

VIVRE DANS LA DIGNITÉ

On nous offre de mourir dans la dignité. Faudrait peut-être commencer par offrir à ceux que la vie a trop malmenés les moyens de vivre dans la dignité.

La même logique devrait s’appliquer dans plein de domaines. Un exemple parmi d’autres : pour moins cher et plus de dignité humaine, de vrais programmes élargis de soutien à domicile feraient mieux le boulot que la multiplica­tion d’hébergemen­ts pour aînés et personnes handicapée­s.

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