Le Journal de Montreal

Certaines retrouvail­les sont parfois dévastatri­ces

- Louise Deschâtele­ts louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je suis une enfant adoptée qui aurait voulu retrouver sa mère biologique. Malheureus­ement, la loi ne me favorisait pas à l’époque, puisqu’elle interdisai­t le dévoilemen­t quand la mère ne le voulait pas. Ce qui fut mon cas. J’ai moimême adopté une fille en Haïti et je lui ai toujours dit que je l’aiderais à remonter jusqu’à sa mère.

Ce n’est qu’à l’âge de 25 ans que l’envie de connaître ses origines a germé. Les recherches furent simples, vu que l’adoption s’était faite dans les meilleures conditions. Elle a commencé par communique­r avec sa mère au téléphone, puis un rendez-vous fut pris pour la visiter en Haïti l’hiver dernier. Ma fille avait préparé son voyage minutieuse­ment, sauf qu’une semaine avant son départ, sa mère a tout annulé parce qu’un de ses enfants — elle en a trois — était malade. Déçue, ma fille a obtempéré. De notre côté, avec mon mari on était soulagés. Car vu la situation sociale difficile en Haïti, on préférait savoir notre fille en sécurité.

Deux mois plus tard, elle s’envolait enfin pour retrouver sa mère. Dès son arrivée, les choses se sont plus ou moins bien passées. L’hôtel réservé par sa mère n’était pas à la hauteur de ses attentes, et son conjoint actuel, le père de ses enfants, s’est montré plus ou moins accueillan­t avec elle, comme s’il craignait qu’elle prenne trop de place.

Puis, sa mère lui a clairement fait savoir qu’elle lui rappelait trop le garçon avec qui elle l’avait conçue et avec lequel tout s’était si mal terminé qu’elle n’était pas très chaude à l’idée d’entretenir une relation suivie avec elle. Si j’ajoute à ça le peu de possibilit­és de visiter le pays vu les conditions sociales qui y régnaient, ce voyage fut un échec.

Notre fille est revenue bien triste de ce périple de retrouvail­les sur lequel elle fondait trop d’espoir. On la remonte de notre mieux, mais on sent que quelque chose s’est cassé. Que faire de plus pour l’empêcher de souffrir ? Peut-être aurait-on dû l’empêcher d’amorcer sa recherche ?

Maman poule

Pensée du jour Être vieux, on est au moins assuré d’une chose, on ne mourra pas jeune. – Ronald Labelle

Continuez de l’entourer de votre affection, car c’est ce dont elle a le plus besoin. Dans les milieux concernés par l’adoption, on me dit que c’est plus important de savoir en prenant le risque d’une déception, que d’ignorer d’où l’on vient. Vous avez pris la bonne décision en la laissant rechercher sa mère, car le droit à connaître sa filière génétique est parmi les plus légitimes. Par contre, il faut aussi se préparer à être déçu quand on ose le faire. C’est ce qui arrive malheureus­ement à votre fille. Rendez-la consciente du bonheur de vous avoir avec son père dans sa vie, et aider là à cicatriser.

Quand la nature bouleverse notre vie

Avec mon mari, je fais partie des sinistrés qui ont dû quitter leur demeure à cause des violents feux de forêt qui ont fait rage ce printemps. Par deux fois on nous a obligés à le faire. Je ne sais pas si vous savez ce que ça veut dire de tout abandonner derrière soi pour partir dans un lieu inconnu ? Mon mari et moi, on ne le savait pas.

Il ne s’en sort pas trop mal, car il avait été habitué toute sa vie à faire face à des choses difficiles. Mais moi ça m’est rentré dedans. Une tonne de brique ! J’ai du mal à retrouver mon calme et à reprendre ma vie d’avant. Je n’ose pas lui en parler pour ne pas l’inquiéter, pas plus qu’à mes enfants pour ne pas qu’ils pensent que je manque de force morale. Mais juste vous l’écrire m’a fait du bien.

Anonyme

Faites l’effort d’en parler à vos proches, car ventiler ce qui vous obsède l’esprit va vous faire du bien. Garder ça secret ne va servir qu’à vous rendre encore plus craintive face à l’avenir.

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