Le Journal de Montreal

Le Canadien coûte un bras aux Québécois

Ceux qui vont voir le Canadien au Centre Bell ne sont pas les seuls à qui leur passion pour la sainte flanelle coûte un bras.

- Guy Fournier guy.fournier@quebecorme­dia.com

Parlez-en au grand patron de Québecor, par exemple. Il reste encore trois ans à TVA avant que ne prenne fin le contrat ruineux d’un milliard et demi que TVA a signé avec Rogers pour les droits du hockey de la Ligue nationale. De son côté, Rogers, le géant canadien des télécommun­ications, ne doit pas être moins pressé de voir son contrat de 5,2 milliards avec la LNH arriver à terme.

Si Rogers et sa chaîne Sportsnet ne se tirent pas trop mal de ce faramineux contrat – c’est du moins ce qu’on peut déduire à la lecture du rapport financier, encore qu’il ne soit pas si facile à décoder –, ce n’est pas du tout le cas de TVA. Dans une récente entrevue au 98,5 avec Paul Arcand, puis lors d’un entretien avec le journalist­e Francis Vailles, de La Presse+, Pierre Karl Péladeau n’a pas caché que TVA Sports fait mal à TVA, qui s’en tirerait assez bien si ce n’était de cette épine au pied.

Le grand patron de Québecor a presque fait un mea culpa public pour avoir cru avec le maire Labeaume et ses partisans que les Nordiques reviendrai­ent s’établir à Québec, une fois le nouvel amphithéât­re construit. C’était mal connaître le caractère rusé de Gary Bettman et l’appétit insatiable des gouverneur­s de la LNH.

Ceux-ci sont loin d’être les seuls propriétai­res de sports majeurs à avoir les dents aussi longues. En France, la Ligue de football (soccer) vient d’annoncer qu’elle mettra ses droits de télévision aux enchères à un prix plancher de 800 millions d’euros par saison (1,1 milliard $ CAN).

Le contrat qui se termine était de 624 millions euros ! C’est donc une augmentati­on plus que substantie­lle. Aux États-Unis, les droits de la NFL augmentent de 5 % par année et ceux du basket, de 9 %. Compte tenu de l’inflation généralisé­e des droits, quel que soit le sport, il serait étonnant que ceux du hockey diminuent à la fin du contrat avec Rogers en 2026.

DES CHAÎNES SAIGNÉES À BLANC

Mais jusqu’à quand les sports profession­nels pourront-ils compter sur les chaînes sportives pour amortir les salaires outrancier­s payés aux athlètes et gonfler les comptes de banque des propriétai­res ?

Depuis 2011, la valeur du Canadien de Montréal, par exemple, aurait augmenté de 400 %. Les chaînes sportives ne pourront continuer encore longtemps d’augmenter leurs tarifs sans que les téléspecta­teurs se rebiffent. Un pourcentag­e significat­if d’abonnés abandonne d’ailleurs chaque année le câble et le satellite.

TOUS SONT TOUCHÉS

Même ceux qui ne s’intéressen­t pas aux sports subissent les contrecoup­s des droits prohibitif­s qu’on paie pour les sports. Des chaînes généralist­es doivent réduire leur programmat­ion originale afin de compenser les chaînes sportives. La fin abrupte de l’émission Le monde à l’envers en est un triste exemple.

Les chaînes sportives ellesmêmes doivent se serrer la ceinture. Elles diminuent leurs budgets de production, elles coupent dans leurs effectifs et elles remercient des animateurs chevronnés.

À TSN et à Sportsnet, les revenus augmentent, mais les profits diminuent. À TVA Sports, les revenus augmentent aussi, mais le déficit s’accentue.

Quelle que soit la chaîne sportive à laquelle ils sont abonnés, les amateurs doivent s’attendre à ce que le prix de leur abonnement augmente. De plus en plus chaque année, hélas !

Depuis 2011, la valeur du Canadien de Montréal aurait augmenté de 400 %

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