Le Journal de Montreal

Québec ne se fixe aucune cible

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Québec ne se fixe aucune cible quant au temps écoulé entre un appel d’urgence et l’arrivée des secours, même si la science, d’autres provinces et des rapports d’experts priorisent depuis des années un objectif de huit à dix minutes.

« Le gouverneme­nt ne veut pas savoir. S’il fait l’étude et se rend compte qu’un délai peut mener à des décès, il sera obligé d’agir et de mettre les ressources », analyse Réjean Leclerc, paramédic et président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS).

Pourtant, la mise en place de cibles québécoise­s sur les délais ambulancie­rs faisait partie des recommanda­tions formulées dans le plus récent rapport sur le préhospita­lier commandé par Québec et déposé en 2021.

« Plein d’autres [gouverneme­nts] se sont fixé des cibles et doivent en rendre compte. Si c’était le cas ici, on pourrait ajuster nos façons de faire », commente l’auteur de ce rapport, Michel C. Doré, également paramédic de carrière.

RECOMMANDÉ DEPUIS 20 ANS

M. Doré n’a pas été le seul à envisager cette voix. Il y a plus de 20 ans déjà, le Comité national sur la révision des services préhospita­liers d’urgence (comité Dicaire) recommanda­it que le système ambulancie­r fixe à un maximum de huit minutes le temps de réponse pour les urgences vitales.

Le Collège des médecins (CMQ) avait salué cet objectif, à l’époque. Et encore aujourd’hui, le CMQ est d’avis que le gouverneme­nt doit s’attaquer au temps d’attente.

« Il faut mettre en place des solutions pour que les Québécoise­s et les Québécois soient pris en charge rapidement par des ambulancie­rs, peu importe la région », affirme la porte-parole de l’organisati­on, Leslie Labranche.

OBJECTIFS AILLEURS

D’autres provinces canadienne­s se sont donné des objectifs. C’est notamment le cas de la Colombie-Britanniqu­e, où l’ambulancie­r doit arriver en moins de neuf minutes après un appel urgent, en région urbaine et rurale. Dans plusieurs régions de l’Ontario, dont le Niagara, les paramédics doivent arriver en huit minutes, pour 80 % des appels où une vie est en danger.

Au Québec, l’objectif est d’arriver « le plus vite possible », indique le ministère, qui, malgré la multiplica­tion des études sur le sujet, entend mandater l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) pour étudier à nouveau cette question.

« Notre objectif, c’est d’avoir une cible. Maintenant, c’est de savoir ce qui se fait à travers le monde, les meilleures pratiques, les cibles les plus agressives, pour pouvoir les identifier et ensuite, tout mettre en commun pour les atteindre », souligne Martin Forgues, directeur général adjoint pour le service préhospita­lier, au ministère de la Santé.

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