Le Fonds FTQ cherche à se débarrasser du roi du gyproc
L’investisseur immobilier voit que l’entreprise est gangrenée par le crime organisé
Le Fonds de solidarité FTQ veut que l’entreprise du « roi du gyproc » Hugo Bernard quitte les chantiers de ses projets immobiliers, après les révélations sur la tentative de prise de contrôle de la firme par un proche du crime organisé.
« Au cours des dernières semaines, le Fonds immobilier de solidarité FTQ a demandé à ses partenaires concernés de mettre fin à la relation d’affaires avec le sous-traitant qui fait l’objet d’allégations préoccupantes », nous a indiqué Patrick McQuilken, mercredi.
Notre Bureau d’enquête a rapporté hier que Systèmes intérieurs BMNJ, une entreprise d’Hugo Bernard, était gérée en sous-main par Rhéal Dallaire, un homme d’affaires lié au crime organisé.
Ces allégations sont tirées d’une requête déposée par la Banque Laurentienne, qui a obtenu la mise sous séquestre de l’entreprise.
La luxueuse maison de Dallaire à Westmount a été perquisitionnée en 2023, en même temps que celles des Hells Angels Stéphane Plouffe et Martin Robert et du défunt mafieux Francesco Del Balso.
Rhéal Dallaire a aussi vendu des terrains vacants en 2019 au co-chef de la mafia Leonardo Rizzuto. Il a été un des principaux créanciers de Carboneutre, une entreprise infiltrée par le crime organisé nommée à la commission Charbonneau.
BMNJ est une des plus grosses firmes de systèmes intérieurs au Québec. Elle était active comme sous-traitant dans deux projets immobiliers financés par le Fonds, le Solar Uniquartier sur la RiveSud, et le Maestria, au centre-ville de Montréal.
PLUS QUE DES RUMEURS
Jusqu’ici, le Fonds n’avait pas voulu se prononcer sur ce qu’il qualifiait de « rumeurs concernant BMNJ ».
Le Fonds avait tout de même indiqué en début de semaine suivre la situation de près chez BMNJ en raison des difficultés financières de l’entreprise.
Selon les documents déposés en cour, la Laurentienne dit avoir décidé de mettre fin à sa relation d’affaires avec BMNJ entre autres après avoir constaté que Rhéal Dallaire s’activait en arrière-plan pour contrôler l’entreprise.
Le 9 février, la Laurentienne dit notamment avoir été informée par un représentant de BMNJ qu’Hugo Bernard n’assurait plus la direction de l’entreprise.
Ce représentant aurait ajouté que « les opérations de [BMNJ] étaient maintenant gérées en arrière-plan par M. Dallaire, et ce malgré [que] la banque [ait été avisée que] celui-ci n’était plus un acquéreur potentiel pour les opérations de [l’entreprise] », selon la procédure judiciaire.
Les allégations contenues dans la procédure de la Laurentienne n’ont pas été testées sur le fond devant les tribunaux.