Le Journal de Montreal

Des profs souvent non qualifiés ou recrutés sur le tard

- DOMINIQUE SCALI

Les services de francisati­on sont non seulement insuffisan­ts en région, mais ils sont aussi parfois de piètre qualité parce que l’enseignant n’est pas formé ou qu’il a été recruté à la dernière minute. Et ce, même dans les classes d’accueil.

« J’aurais dû la garder dans ma classe. Elle aurait été mieux avec moi qu’en classe d’accueil », raconte une enseignant­e qui a préféré garder l’anonymat pour éviter les représaill­es de son employeur.

L’élève dont elle parle est une petite allophone dont elle peinait à répondre aux besoins dans sa classe ordinaire. Elle a donc recommandé que la fillette soit inscrite dans une classe d’accueil… pour finalement apprendre que la personne qui enseignait là-bas était encore moins outillée qu’elle en francisati­on.

Le Journal publiait hier un article sur le manque de services de francisati­on dans les écoles situées dans des zones où l’immigratio­n est un phénomène récent. Par exemple, des élèves qui auraient besoin d’une francisati­on intensive n’ont droit qu’à une heure de soutien linguistiq­ue par semaine.

Plusieurs centres de services scolaires (CSS) n’ont à ce jour ouvert aucune classe d’accueil pour intégrer les élèves qui ne parlent pas français, même si leur nombre augmente de façon constante.

Or, même en classe d’accueil, les élèves se retrouvent parfois avec des enseignant­s non légalement qualifiés qui n’ont jamais été formés pour cela et qui auraient besoin de coaching, explique Christina Schimek, qui a été conseillèr­e pédagogiqu­e et enseignant­e de francisati­on avant de retourner sur le plancher comme titulaire d’une classe de 2e année.

CONNAÎTRE LE PROGRAMME

Les mêmes lacunes existent chez certains enseignant­s de francisati­on qui vont aider de façon ponctuelle les élèves intégrés en classe ordinaire, si l’on se fie aux réponses d’un sondage interne réalisé par le Syndicat de l’enseigneme­nt de la région de Vaudreuil (SERV-CSQ) que Le Journal a pu consulter.

« La personne en poste en francisati­on ne semble pas bien posséder son programme. Elle compte beaucoup sur les enseignant­s titulaires pour la diriger dans ses tâches », écrit un des quelque 80 professeur­s du primaire qui ont répondu au sondage.

« Les enseignant­s en francisati­on sont embauchés en dernier alors que ça devrait être la priorité », explique Véronique Lefebvre, présidente du SERV-CSQ.

MODÈLES HYBRIDES

En fait, l’ouverture de classes d’accueil n’est pas la seule solution. Par exemple, dans le coin de La Prairie, on a adopté un modèle hybride où les élèves du secondaire alternent entre la classe ordinaire et la classe de francisati­on.

« Et ça semble répondre à leurs besoins », note Martine Provost, présidente de l’Associatio­n des professeur­s de Lignery (APL-CSQ).

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