Des profs souvent non qualifiés ou recrutés sur le tard
Les services de francisation sont non seulement insuffisants en région, mais ils sont aussi parfois de piètre qualité parce que l’enseignant n’est pas formé ou qu’il a été recruté à la dernière minute. Et ce, même dans les classes d’accueil.
« J’aurais dû la garder dans ma classe. Elle aurait été mieux avec moi qu’en classe d’accueil », raconte une enseignante qui a préféré garder l’anonymat pour éviter les représailles de son employeur.
L’élève dont elle parle est une petite allophone dont elle peinait à répondre aux besoins dans sa classe ordinaire. Elle a donc recommandé que la fillette soit inscrite dans une classe d’accueil… pour finalement apprendre que la personne qui enseignait là-bas était encore moins outillée qu’elle en francisation.
Le Journal publiait hier un article sur le manque de services de francisation dans les écoles situées dans des zones où l’immigration est un phénomène récent. Par exemple, des élèves qui auraient besoin d’une francisation intensive n’ont droit qu’à une heure de soutien linguistique par semaine.
Plusieurs centres de services scolaires (CSS) n’ont à ce jour ouvert aucune classe d’accueil pour intégrer les élèves qui ne parlent pas français, même si leur nombre augmente de façon constante.
Or, même en classe d’accueil, les élèves se retrouvent parfois avec des enseignants non légalement qualifiés qui n’ont jamais été formés pour cela et qui auraient besoin de coaching, explique Christina Schimek, qui a été conseillère pédagogique et enseignante de francisation avant de retourner sur le plancher comme titulaire d’une classe de 2e année.
CONNAÎTRE LE PROGRAMME
Les mêmes lacunes existent chez certains enseignants de francisation qui vont aider de façon ponctuelle les élèves intégrés en classe ordinaire, si l’on se fie aux réponses d’un sondage interne réalisé par le Syndicat de l’enseignement de la région de Vaudreuil (SERV-CSQ) que Le Journal a pu consulter.
« La personne en poste en francisation ne semble pas bien posséder son programme. Elle compte beaucoup sur les enseignants titulaires pour la diriger dans ses tâches », écrit un des quelque 80 professeurs du primaire qui ont répondu au sondage.
« Les enseignants en francisation sont embauchés en dernier alors que ça devrait être la priorité », explique Véronique Lefebvre, présidente du SERV-CSQ.
MODÈLES HYBRIDES
En fait, l’ouverture de classes d’accueil n’est pas la seule solution. Par exemple, dans le coin de La Prairie, on a adopté un modèle hybride où les élèves du secondaire alternent entre la classe ordinaire et la classe de francisation.
« Et ça semble répondre à leurs besoins », note Martine Provost, présidente de l’Association des professeurs de Lignery (APL-CSQ).