Ottawa accuse Québec d’alarmisme
La CAQ réclame 1 G$ pour les demandeurs d’asile
OTTAWA | La guerre de mots entre Québec et Ottawa sur les demandeurs d’asile s’est poursuivie hier, le ministre fédéral montréalais Pablo Rodriguez sommant la CAQ de cesser d’utiliser un ton « accusateur et alarmiste ».
En ouverture de point de presse à Montréal, le ministre des Transports a d’abord servi les fleurs, en soulignant que « Québec a été extrêmement généreux » et qu’il a « fait plus que sa part » en matière d’accueil des demandeurs d’asile.
Quelques minutes plus tard, il envoyait le pot. « Je pense que ce qui est important, c’est de faire tomber le ton accusateur, ou alarmiste, de s’asseoir ensemble et de continuer à discuter pour le bien-être de tous les Québécois. »
GUERRE DE CHIFFRES
La pomme de discorde entre Ottawa et Québec sur l’accueil des migrants a repris de plus belle, au début de la semaine, par une sortie musclée de la CAQ qui réclame 1 milliard $ pour la gestion des demandeurs d’asile. Québec souhaite aussi une meilleure répartition, à l’échelle du pays, des migrants.
Le gouvernement Trudeau se dit prêt à discuter, tout en rappelant que Québec reçoit déjà plus que toute autre province pour l’immigration en vertu de l’Accord Canada-Québec, signé sous le gouvernement Mulroney. L’État québécois doit en effet recevoir 775 millions $ en 2023-2024 d’Ottawa, a rappelé M. Rodriguez.
François Legault juge que le ministre fédéral « mélange deux choses » en citant le montant de 775 M$, qui est selon lui « pour les immigrants réguliers », et non pour gérer l’afflux « exceptionnel » de demandeurs d’asile depuis quelques années.
« On n’arrive plus à donner des services, mais [ça exige] aussi d’être compensés financièrement », a tranché le premier ministre du Québec hier.
« M. Trudeau a une responsabilité d’agir actuellement, ça a des impacts et sur le français et sur les services publics », a-t-il ajouté.
SOURDE OREILLE
Pablo Rodriguez soutient que les deux parties ont tenu des rencontres « au plus haut niveau lundi », réfutant les accusations selon lesquelles son gouvernement fait la sourde oreille aux demandes de Québec.
Chiffres à l’appui, la CAQ soutient que le poids financier de l’accueil des demandeurs d’asile devient intenable.
Que ce soit pour l’éducation, la francisation, l’aide sociale ou les services d’accueil, Québec évalue la facture à 1 G$.
Or, Ottawa est loin du compte, ayant consenti environ 150 M$ supplémentaires jusqu’à présent.