Le Journal de Montreal

Se faire justice n’est pas une bonne idée

- VALÉRIE GONTHIER

Un jeune de 21 ans qui a tiré des coups de feu vers deux individus l’an dernier, vraisembla­blement pour leur faire payer pour un crime, s’est fait sermonner par un juge avant de prendre le chemin du pénitencie­r.

« Le fait que les victimes soient des gens qui auraient pu commettre des crimes auparavant, ça n’excuse en rien le geste. On n’est pas dans un pays où on se fait justice soi-même, surtout pas avec des armes à feu », a déploré le juge Dominique Dudemaine, en condamnant Simon Dumoulin-Boivin à quatre ans et demi de détention.

Le 19 février 2023, des coups de feu ont été tirés en soirée, en pleine rue d’un quartier résidentie­l de Saint-Constant, sur la Rive-Sud de Montréal.

Quatre douilles de calibre 9 mm Luger avaient été retrouvées. Trois projectile­s avaient atteint des résidences.

L’un a même été découvert à l’intérieur d’une maison, logé dans une machine à café.

Une balle s’est aussi encastrée dans le cadrage d’une fenêtre et une autre a traversé un BBQ situé sur un balcon d’un immeuble voisin.

Deux individus avaient été pris pour cible, sans toutefois être atteints. Personne d’autre n’a été blessé.

LE PRIX DE LA VENGEANCE

Au terme de l’enquête menée par la Régie intermunic­ipale de police Roussillon, Simon Dumoulin-Boivin, alors âgé de 20 ans, avait été arrêté. Il a récemment plaidé coupable à une accusation de décharge d’arme à feu.

La théorie privilégié­e par les enquêteurs est qu’il aurait voulu faire payer ses victimes pour une invasion de domicile survenue peu avant, a-t-on appris lors de son récent plaidoyer de culpabilit­é.

C’est ainsi en représaill­es qu’il aurait dégainé son arme vers François Buttle et Benoit Wylot.

Ces derniers sont en attente de leur procès pour introducti­on par effraction, agression armée, avoir proféré des menaces, vol qualifié et extorsion, sur une victime autre que Simon Dumoulin-Boivin. Les faits reprochés remontent à la même journée que celle où ont eu lieu les coups de feu.

La peine de quatre ans et demi pour Dumoulin-Boivin est somme toute clémente, a reconnu le procureur de la Couronne au dossier, Me Simon Lacoste, mais elle prend en considérat­ion l’absence d’antécédent­s judiciaire­s et la difficulté à étoffer la preuve.

Mais surtout, la sentence suggérée par les partis considère le jeune âge de l’accusé, qui n’a que 21 ans.

Simon Dumoulin-Boivin a aussi reconnu avoir eu en sa possession de la drogue, en vue d’en faire le trafic, dont du sirop de cannabis concentré, des bonbons de cannabis, du haschich, de la cocaïne et 911 méthamphét­amines.

Newspapers in French

Newspapers from Canada