Impuissants face à leur propre fils
Une famille a vu son enfant passer de drôle et au grand coeur à psychotique, délirant, agressif et explosif
Les parents d’Isaac Brouillard Lessard ont témoigné, hier, de la descente aux enfers de leur fils dans le cadre de la commission d’enquête sur la mort de la sergente Maureen Breau présidée par la coroner Géhane Kamel.
Impuissante, la famille de Brouillard Lessard a vu l’homme passer de drôle, honnête et au grand coeur à psychotique, délirant, agressif et explosif.
En 2023, ils savaient qu’Isaac était en psychose. Plus d’une fois, ils ont appelé au 911 pour obtenir de l’aide.
Aux enquêteurs du Bureau des enquêtes indépendantes le lendemain du drame en mars 2023, Sandra Lessard a évoqué le nombre de fois qu’elle a tenté de le faire arrêter et hospitaliser.
« Comme j’avais rien pour prouver qu’il était en danger immédiat ou qu’il présentait un danger pour quelqu’un, ben ça a été peut-être pris à la légère », a-t-elle affirmé.
Quatre jours avant le drame, la famille avait d’ailleurs prévenu les policiers du danger que représentait Isaac, mais sans succès. La coroner a pu entendre l’appel au 911, dans lequel la famille veut savoir pourquoi Isaac n’a pas encore été arrêté. On y entend la répartitrice expliquer avoir parlé aux agents qui ont vu leur fils.
« Les agents qui sont intervenus m’ont dit que, quand ils se sont présentés, sur les lieux, tout était correct, tout allait bien. »
DES MANQUEMENTS, SELON LA CNESST
La CNESST, qui a enquêté sur le drame, a relevé quatre manquements à la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Manque de formation, manque de planification, manque de supervision et de mauvais outils pour l’évaluation du risque.
Le rapport de la CNESST fait la lumière sur une grande partie du drame. Selon ce rapport, quand Isaac Brouillard Lessard ferme la porte aux nez des policiers le 27 mars, l’agent Perreault sent le risque et bat en retraite, convaincu que son collègue le suit. Mais l’agent Berrouard reste devant la porte, pensant qu’Isaac ouvrira et qu’ils pourront discuter, comme ils l’avaient fait le vendredi précédent.
Or quand il ouvre, c’est avec un couteau à la main et il fonce sur l’agent Berrouard qui recule et se retrouve coincé au mur, sans possibilité de dégainer son arme.
Pendant ce temps, la sergente Breau monte rapidement l’escalier et se retrouve tout près du suspect. Comme il est de dos, elle ne voit probablement pas l’arme. Isaac se retourne et l’atteint au cou.
À l’exception de Maureen Breau, aucun des trois autres agents n’avait la formation « Réponse à un état mental perturbé », et celle de la sergente Breau remontait à 9 ans.