Les 50 nuances de fédéralisme de François Legault
Tel un Pokémon, François Legault est en évolution.
Début 2000, il était de ces souverainistes pressés. Fallait régler la question nationale, tout de suite, maintenant, disait-il.
Début 2010, il bifurquait vers l’autonomisme. Fallait faire avec le Canada et se débarrasser des libéraux.
Début 2023, même s’il avait obtenu un mandat fort qui lui permettrait, selon lui, de rapatrier des pouvoirs en immigration, il se transformait en fédéraliste fatigué. Pas question que son héritage politique soit celui de batailles incessantes contre Ottawa. Les réformes en santé, en éducation et en énergie étant plus importantes, fallait laisser le reste de côté.
Puis à la fin 2023, face à un PQ revigoré, il se réincarnait momentanément en « Capitaine Canada ».
Le voilà maintenant en fédéraliste « lamenteux » sur la question des demandeurs d’asile. Il se plaint, gémit, grogne contre le gouvernement Trudeau qui, flottant dans les airs par-dessus le réel, regarde le gouvernement du Québec de haut.
PROJECTIONS
Ceci nous amène à l’attaque du PM Legault envers le Bloc Québécois.
« À quoi sert le Bloc ? » a tonné trois fois le PM.
Malgré ses différentes reconversions, François Legault n’avait jamais attaqué le Bloc, n’avait jamais fait allusion à l’argument libéral ou conservateur qui dit qu’avoir plus de députés du Québec équivaudrait à plus d’influence dans leur parti.
Et pourtant, le Bloc est souvent le seul à porter les demandes de son gouvernement à Ottawa. En immigration, sur les transferts en santé, sur la loi 21, sur la loi 96 et les langues officielles, sur la Davie…
Le PM Legault fait plutôt de la projection.
Il projette sa propre impuissance. Il cherche des coupables, en voit avec le PQ, le Bloc et le PLC.
C’est comme si pour le PM, le fédéralisme canadien était une affaire de personnes.
Et non une structure qui fait en sorte que sur la question des demandeurs d’asile par exemple, le pouvoir est à Ottawa et les responsabilités à Québec.
Par la diagonale, notre PM donne une sorte d’appui à Pierre Poilievre.
Surprenant, du fait que le chef conservateur est celui qui, objectivement, offre le moins au Québec depuis 20 ans.