Le passe-droit de Northvolt
François Legault et Pierre Fitzgibbon pataugent dans leurs faux-fuyants à propos de l’usine Northvolt et personne n’est dupe. Ils ont bel et bien accordé un passe-droit à l’entreprise lorsqu’ils ont accepté de changer la norme pour éviter une analyse complète du BAPE.
Depuis 45 ans, le BAPE est là pour informer, consulter, enquêter et aviser. Son travail est essentiel.
La quantité et le type de production prévus à l’usine Northvolt exigeaient une analyse sérieuse du BAPE, et ce, pour l’ensemble du projet.
Or, le seuil de 50 000 tonnes par an pour la fabrication des cathodes nécessitant un examen du BAPE a été changé par la CAQ, qui l’a haussé à 60 000 tonnes.
Pourquoi ? Parce que l’usine Northvolt allait fabriquer 56 000 tonnes de cathodes et la CAQ ne voulait pas que le BAPE fasse son travail dans l’intérêt public, en regardant l’ensemble de ce « beau projet ».
POMMES POURRIES ET PRIX CITRON
Ce changement constitue tout simplement un passe-droit pour une compagnie dont le lobbying a réussi à convaincre le gouvernement.
Un point, c’est tout.
Legault et Fitz se sont pliés comme des bretzels cette semaine pour essayer de convaincre le public que ce qui s’est passé n’était vraiment pas si grave.
On était rendus avec des oranges et des pommes, dans les mains du premier ministre, et une comparaison avec le jardin d’Éden, dans la bouche du superministre de l’Économie.
Les deux ont tenté de brouiller les pistes en parlant du projet domiciliaire qui avait été refusé sur le site, en plaidant que ça n’avait rien à voir avec le projet d’usine.
Même s’il est effectivement fort intéressant que le gouvernement ait bloqué des résidences sur le site, cette partie de la discussion devient une diversion.
Oui, ça témoigne d’un effort de tout le gouvernement de s’assurer que les terrains sont là pour Northvolt et pour rien d’autre, mais ce n’est pas l’essentiel du débat.
En mettant l’emphase là-dessus, Fitz est comme le magicien qui agite la main gauche pour que l’on ne regarde pas ce qu’il fait de la main droite. Avec sa main droite, il balaie le rôle essentiel que le BAPE devait jouer en analysant l’ensemble du projet.
Dans une réplique qu’il a adressée à La Presse lundi, Fitzgibbon a trahi sa connaissance totalement superficielle du dossier.
Voici ma phrase préférée de sa missive : « Plusieurs Québécois qui travaillent à l’étranger nous en parlent, les sociétés étrangères qui font des affaires ici nous le confirment : réaliser de grands projets est plus long, plus complexe et plus coûteux au Québec que presque partout ailleurs dans le monde. »
Il n’existe, bien entendu, aucune étude validée démontrant ce que Fitzgibbon avance.
Ce n’est pas sérieux, mais ça témoigne de son état d’esprit.
Avec un tel parti-pris fondé sur du ouï-dire, notre Fitzgibbon est en train de démontrer qu’il avait bel et bien une intention et un motif pour balayer le BAPE.
UN PROJET INTÉRESSANT
Le projet Northvolt, je le dis depuis le début, est très intéressant. C’est tellement prometteur que ça mérite d’être étudié, objectivement et complètement.
Au lieu de niaiser depuis 6 mois, le gouvernement aurait pu avoir un avis indépendant du BAPE.
À la place, il a engendré une méfiance suscitée par ses propres manigances.