Le Journal de Montreal

IL A FAIT SA MARQUE À COUP DE... POINTS

À 43 ans, Keven Cloutier continue de réécrire le livre des records du circuit senior

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Il a fait ses débuts à l’époque où les plus grandes vedettes de la ligue étaient des bagarreurs, les Jacques Dubé, Joël Therriault, Jason Clarke ou Mike Brault. Malgré tout, c’est avec ses points, et non ses poings, que l’attaquant Keven Cloutier est parvenu à marquer l’histoire de la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH).

Wayne Gretzky a fracassé tous les records offensifs dans la LNH et la majorité d’entre eux ne seront probableme­nt jamais battus, ni même égalés (parlez-en à Alex Ovechkin). À plus petite échelle, quand on regarde le parcours de Cloutier dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH), difficile de ne pas y tracer de parallèle.

Bon, comparer qui que ce soit à la Merveille, et ce, peu importe la ligue, est peutêtre un peu exagéré, direz-vous. Peut-être. Mais quand on regarde la feuille de route de l’attaquant beauceron, on ne peut que se dire que ses chiffres ont de quoi rappeler les exploits de Gretzky dans la LNH : il détient à peu près tous les records du circuit et il est difficile d’envisager qu’un jour un autre hockeyeur réussira à le rattraper.

1000 POINTS

Le 6 janvier dernier, le joueur de centre de 43 ans a récolté son 1000e point en carrière dans la LNAH, devenant ainsi le premier joueur de l’histoire du circuit à atteindre ce plateau.

Mais avant même d’atteindre le plateau des 1000 points, Cloutier s’était déjà imposé comme le meilleur joueur offensif de l’histoire de ce circuit.

Avec un total de 1014 points en carrière jusqu’ici, il en compte 233 de plus que le deuxième meilleur pointeur de l’histoire, Mathieu Benoit, qui a récolté 781 points entre 2001 et 2014. Ses 341 buts sont également un sommet de tous les temps, 13 devant les 328 de Benoit, tandis que ses 673 mentions d’aide dominent outrageuse­ment l’histoire du circuit alors que son plus proche poursuivan­t, Yann Joseph, a terminé sa carrière avec 477 passes.

HUMBLE ET PASSIONNÉ

Le plus impression­nant, dans tout ça, c’est qu’à 43 ans, il continue à jouer mais, en plus, le natif de Beaucevill­e n’a jamais joué pour une autre organisati­on que le Cool FM de Saint-Georges, qui a eu d’autres appellatio­ns au fil du temps.

« Ça n’a jamais été dans mes objectifs de me dire que je vais briser cette ligue et battre les records. J’adore le hockey, c’est une passion pour moi et, quand je ne jouerai plus, je vais encore baigner là-dedans », a-t-il mentionné avec humilité lors d’un entretien avec Le Journal la semaine dernière.

Pour son entraîneur-chef Dominic Lapensée, il ne fait aucun doute que les records de Cloutier seront quasi inatteigna­bles.

« Il a joué des saisons où il y avait tout près de 50 matchs dans notre ligue alors qu’on en joue une trentaine aujourd’hui. Mais au-delà de tout ça, ce qui rend Keven spécial, ç’a toujours été le Cool FM qui était le plus important. Tu ne le verras jamais sortir d’une défaite avec le sourire même s’il a terminé avec deux buts et trois passes. »

UNE COURTE CARRIÈRE PRO

Après une carrière fructueuse de trois saisons dans la LHJMQ, au cours de laquelle il a conclu avec des saisons de 91 et 92 points à 19 et 20 ans, Cloutier s’est retrouvé sans trop d’options profession­nelles, acceptant un essai au camp des IceCats de Worcester, le club-école des Blues de St-Louis. Retranché, il opte finalement pour les Rivermen de Peoria dans l’ancienne Ligue de la côte est (ECHL). Cette première année profession­nelle ne se passe pas comme prévu et il est échangé aux Ice Pilots de Pensacola la saison suivante, mais ce n’est guère mieux.

« Ça n’a pas été une expérience très positive pour moi. Ces deux saisons m’ont échaudé à un point où je me suis demandé si j’avais envie de continuer à jouer. »

Avec du recul, il éprouve certains regrets sur la façon dont sa carrière profession­nelle s’est déroulée en Amérique du Nord.

« J’ai peut-être été mal conseillé. Si c’était à refaire, probableme­nt que je prendrais des décisions différente­s », laisse-t-il tomber, non pas déçu de comment les choses se sont déroulées pour lui par la suite.

Au terme de cette deuxième saison dans l’ECHL, au cours de laquelle il récolte 45

points en 69 matchs, il prend la décision de revenir à la maison et de rejoindre l’équipe de Saint-Georges de la Ligue de hockey semi-pro du Québec, l’ancienne LNAH, en vue de la saison 2003-2004.

Et c’est là que la passion est revenue. « Ç’a été ma plus belle saison à vie, mentionne-t-il, lui qui a terminé au deuxième rang des pointeurs de son équipe avec 75 points en 46 matchs. J’étais dans le même vestiaire que des vétérans comme Normand Rochefort et Jean-Yves Leroux et on avait atteint la finale de la Coupe Allen et on avait perdu le match no 7 en deuxième prolongati­on. J’ai repris le goût de jouer au hockey à partir de là. »

LA RETRAITE BIENTÔT ?

Cloutier est demeuré fidèle à SaintGeorg­es, à l’exception de deux périples séparés en Suisse où il a vécu l’équivalent de quatre saisons profession­nelles là-bas.

Il dispute maintenant sa 18e saison dans la LNAH, à 43 ans. Le tout, en plus de son emploi de jour dans le domaine du transport, et de sa famille.

S’il a commencé à accepter un rôle moins prédominan­t avec son équipe, il n’est pas encore prêt à accrocher ses patins.

« Je sais que je ralentis à un certain point et que je ne peux plus faire ce que je faisais. Je ne serai plus le premier marqueur de la ligue et c’est bien correct. Je ne demande que ça, qu’on ait des jeunes qui prennent ma place au centre du premier ou du deuxième trio. Je suis à l’aise avec les missions défensives.

« Le hockey, c’est ma passion. J’en mange ! Oui, je travaille et j’ai ma famille, mais je fais ce que j’ai à faire pour avoir l’énergie de continuer à jouer. Je patine deux à trois fois par semaine pour me garder en forme. C’est sûr que ça devient exigeant, à 43 ans, et tu dois en faire plus si tu veux être compétitif avec les jeunes. Mais, pour l’instant, j’aime ça et j’ai envie de le faire. J’aimerais gagner une autre coupe. »

Et son entraîneur, Dominic Lapensée, peut confirmer que, du hockey, il en mange.

« Keven travaille de 6 h le matin à 16 h le soir, il est toujours l’un des premiers joueurs arrivés à l’aréna, il aiguise ses patins luimême et des fois, si on est dans le trouble, il va en aiguiser d’autres. C’est un vrai pro. »

 ?? PHOTO FOURNIE PAR LE COOL FM DE SAINT-GEORGES ?? Keven Cloutier célébrant un de ses nombreux buts avec le Cool FM de Saint-Georges.
PHOTO FOURNIE PAR LE COOL FM DE SAINT-GEORGES Keven Cloutier célébrant un de ses nombreux buts avec le Cool FM de Saint-Georges.
 ?? PHOTO FOURNIE PAR LE COOL FM DE SAINT-GEORGES ?? Keven Cloutier avec le bâton qui lui a permis de récolter son 1000e point en carrière dans la LNAH.
PHOTO FOURNIE PAR LE COOL FM DE SAINT-GEORGES Keven Cloutier avec le bâton qui lui a permis de récolter son 1000e point en carrière dans la LNAH.

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