Le Journal de Montreal

Une meurtrière veut sortir plus tôt

La femme qui a battu à mort un garçon de 4 ans prétend qu’elle a passé assez de temps derrière les barreaux

- MICHAËL NGUYEN

Une marâtre qui a tué un garçon de 4 ans après l’avoir souvent battu invoque la « clause de la dernière chance » dans l’espoir d’être libérée 10 ans plus tôt que prévu.

« Je ne suis pas une personne violente ni un danger pour la société. Je demande que le délai préalable à mon admissibil­ité à ma libération conditionn­elle soit réduit à 15 ans », affirme la meurtrière Stéphanie Meunier dans sa requête déposée cette semaine au palais de justice de Montréal.

La femme de 44 ans croupit en détention depuis décembre 2008, quand elle avait été arrêtée pour le meurtre du petit Jérémy Bastien-Perron, dans une histoire digne de celle d’Aurore l’enfant martyre.

À l’époque, Meunier avait rencontré son nouveau conjoint Francis Bastien, qui avait un garçon de 4 ans. Mais elle détestait le petit, si bien qu’elle n’hésitait pas à le battre, à mains nues ou avec des objets. Et comme si ce n’était pas assez, elle encouragea­it même le père de l’enfant à faire de même.

Le tout se faisait à l’insu de la mère biologique du petit Jérémy, qui n’avait pas la garde et qui résidait hors de Montréal.

FRAPPÉ, FOUETTÉ ET MORDU

Ainsi, les coups se sont poursuivis pendant des mois. Dans les jours précédant le drame, l’enfant a été frappé, fouetté et mordu 26 fois. Un coup supplément­aire a ensuite été donné à la tête, s’avérant fatal.

Lors du procès en 2011, un ambulancie­r avait déclaré qu’en 20 ans de carrière, il n’avait jamais vu autant de blessures sur un enfant. Une pathologis­te avait quant à elle fait frémir le jury en décrivant l’ampleur des blessures et en démontrant que pratiqueme­nt aucune partie du corps du garçonnet n’avait été épargnée.

Face à cette preuve accablante, Meunier avait été déclarée coupable de meurtre au premier degré, compte tenu de l’acharnemen­t de la marâtre sur l’enfant. Elle avait été condamnée à la prison à vie, sans possibilit­é de libération conditionn­elle avant 25 ans d’incarcérat­ion.

De son côté, Bastien a été condamné à 50 mois de taule pour homicide involontai­re.

UNE DES DERNIÈRES

Plutôt que d’attendre 2033, Meunier estime avoir passé assez de temps en détention.

« Le service correction­nel m’a permis de changer véritablem­ent, j’ai bénéficié de tous les acquis qu’il pouvait m’être donnés en institutio­n », affirme la meurtrière dans sa demande.

Elle a ainsi invoqué la « clause de la dernière chance », une mesure ayant été abolie en 2011 par les conservate­urs de Stephen Harper. Meunier est donc une des dernières meurtrière­s à pouvoir bénéficier de cette clause.

LONG PROCESSUS

Le processus sera toutefois long, sans garantie de succès. La criminelle devra se soumettre à une évaluation. Son cheminemen­t carcéral sera également passé au peigne fin.

Par la suite, un juge devra évaluer si, à la lumière du résultat, Meunier pourra soumettre son cas à un jury. Et si la réponse est positive, des jurés seront convoqués pour que Meunier tente de les convaincre qu’elle mérite une « dernière chance ».

Et même si elle obtient gain de cause, c’est la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada qui aura le mot final.

« Ça peut prendre plusieurs mois », a expliqué à la cour Me Anne-Andrée Charrette.

Le dossier a été reporté au mois d’avril pour la suite des procédures.

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3. Le père de l’enfant, Francis Bastien, a été condamné à 50 mois de pénitencie­r pour homicide involontai­re. 2 3 1
PHOTOS D’ARCHIVES, FOURNIE PAR LA POLICE DE MONTRÉAL, TIRÉE DE FACEBOOK ET PIERRE-PAUL POULIN 1. La meurtrière Stéphanie Meunier. 2. La petite victime, Jérémy Bastien-Perron, avec sa maman Julie Perron. 3. Le père de l’enfant, Francis Bastien, a été condamné à 50 mois de pénitencie­r pour homicide involontai­re. 2 3 1

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