Le Journal de Montreal

Un avocat pour éviter de fermer l’urgence

La pénurie ne justifie pas un arrêt la nuit à Rivière-Rouge

- HUGO DUCHAINE

La Cour d’appel du Québec ordonne que l’urgence de Rivière-Rouge, dans les Laurentide­s, demeure ouverte 24 heures sur 24, malgré la pénurie de main-d’oeuvre qui sévit dans la région.

« C’est inédit [...] et ça envoie un signal très fort pour la suite », se réjouit l’avocat Carl-Éric Therrien.

Dans un jugement unanime, la plus haute cour de la province casse la décision de la Cour supérieure et émet une ordonnance d’injonction provisoire pour maintenir les services de nuit.

Les trois juges écrivent que « le préjudice que subiraient [les résidents] est potentiell­ement beaucoup plus important et irrémédiab­le que le préjudice institutio­nnel lié à l’organisati­on du personnel à l’urgence », ajoutant qu’un bris de service n’apparaît pas comme « imminent ».

Évoquant un manque criant d’employés, le CISSS des Laurentide­s voulait fermer l’urgence de Rivière-Rouge de 20 h à 8 h.

UNE VILLE PAS RÉSIGNÉE

Plutôt que de se résigner, la petite municipali­té a décidé de saisir les tribunaux.

« Il ne faut pas être défaitiste [face aux enjeux de main-d’oeuvre] », plaide Me Therrien, ajoutant que les soins de santé ne sont pas les seuls à être frappés par cette réalité.

Le maire de Rivière-Rouge, Denis

Lacasse, s’est dit soulagé pour les résidents. Selon lui, les partis en cause devraient profiter de ce jugement pour se parler et trouver des solutions à long terme. « Ma porte est ouverte », dit-il. Depuis l’obtention d’une première injonction temporaire, le CISSS des Laurentide­s avait fait appel au volontaria­t, aux heures supplément­aires et au déplacemen­t obligatoir­e d’employés pour garder les services à l’urgence.

Au début du mois, des résidents de Rivière-Rouge rencontrés par Le Journal se sentaient abandonnés par la décision de fermer la nuit. Ils évoquaient les distances à parcourir pour être soignés et les taux d’occupation élevés à Sainte-Agathedes-Monts ou Mont-Laurier.

LES EMPLOYÉS D’ACCORD

La présidente de la FIQ dans les Laurentide­s, Julie Daignault, soutient que les employés de Rivière-Rouge veulent que l’urgence reste ouverte 24 heures sur 24. Elle souligne qu’une équipe de nuit est en poste, mais qu’elle reste incomplète, alors que le CISSS tardait à afficher les postes à combler.

Le député de Québec solidaire, Vincent Marissal, se réjouit que la Cour d’appel donne raison à la petite communauté et il demande au ministre de la Santé de faire preuve de leadership.

« On ne pourra pas retourner devant les tribunaux chaque fois qu’un service de santé au Québec va être coupé », fait-il valoir.

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PHOTO HUGO DUCHAINE L’urgence de Rivière-Rouge a évité de justesse une fermeture de nuit.
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CARL-ÉRIC THERRIEN Avocat

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