Gigantesque liquidation de vélos
Des milliers de bicyclettes de l’organisme SOS Vélo, qui a dû mettre la clé sous la porte, sont à 40 % de rabais
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine. Plus de 5000 vélos dans un entrepôt et quelque 3000 autres dehors dans la cour d’une entreprise en faillite de Montréal : c’est probablement la plus gigantesque vente au rabais de bicyclettes de l’histoire du Québec, selon des experts.
Si vous êtes à l’affût d’aubaines pour un vélo, pas besoin de vous précipiter. Il y en a tellement à vendre ici que la liquidation, qui a commencé au début du mois, risque de durer encore jusqu’en mai ou en juin.
« Je n’ai jamais vu ça de ma vie ! C’est étourdissant, pas juste le nombre de vélos, mais l’incroyable quantité de pièces », me raconte Olivier Quirion, le propriétaire de la boutique Vélo Espresso.
« J’ai attendu une heure dans le froid en file avant de pouvoir entrer et il y avait plusieurs représentants de boutiques et d’ateliers de réparation parmi les premiers visiteurs », ajoute-t-il.
DISPARITION D’UN FLEURON
Vélos électriques à 850 $, vélos neufs, vélos d’occasion retapés, selles, dérailleurs, freins, accessoires, outils, pneus, etc.
Derrière cette montagne de belles occasions potentielles (40 % de rabais sur tout), il y a une histoire crève-coeur : la faillite, l’automne dernier, de l’organisme SOS Vélo, un fleuron de l’entreprise sociale qui a formé environ 2000 mécanos depuis 1995.
SOS Vélo a propagé ses reconnaissables et colorés Écovélo partout au Québec.
C’est l’énorme stock de ce gros joueur de l’industrie, qui remplissait un entrepôt de 25 000 pieds carrés sur la rue SainteCatherine, deux conteneurs de 53 pieds et une bonne partie de la cour arrière, que le liquidateur s’efforce maintenant d’écouler.
« On a embauché des anciens de SOS Vélo pour travailler avec nous à la liquidation pour monter les vélos et pour vérifier leur état avant de les vendre », m’explique Jacques Lauzon, du Groupe Eldorado, le liquidateur.
« On voit que les gens sont à la fois contents et tristes. Contents des aubaines qu’ils trouvent, mais tristes de la fermeture de SOS Vélo... Surtout les gens d’Hochelaga. On sent que le quartier est en deuil d’un organisme qui était devenu important. »
« J’EN RÊVAIS DEPUIS LONGTEMPS ! »
Le sourire radieux de deux acheteurs attire mon attention.
« J’ai trouvé un vélo vintage comme j’en rêvais depuis longtemps ! » s’enthousiasme Sarah Drapeau, une résidente du quartier.
« Je ne pensais pas acheter un vélo, mais je viens de trouver un vélo de route CCM en bonne condition... et j’ai décidé de l’acheter », raconte son conjoint, Dexter Holmes.
« Regarde-moi ce beau Peugeot bleu que je viens de payer environ 200 $ ! me dit Éliane Bonin. Je vais y ajouter des pièces de mon ancien vélo. »
Je circule quelques minutes parmi la foule de bécanes d’occasion accrochées et entre les piles de boîtes et je me demande s’il n’y a pas davantage de bicyclettes ici qu’au Palais des congrès pour le Salon du vélo de Montréal de la semaine dernière.
Lorsque la neige aura disparu, les milliers de vélos qui attendent leur tour dehors dans les conteneurs seront traités et se rajouteront à l’offre « visible » dans le hangar.