La défense nie toute infraction criminelle
La Couronne parle d’un « génocide d’animaux »
Le procès d’anciens membres du chenil Expédition Mi-Loup s’est conclu hier par des positions radicalement opposées, la Couronne voyant ce qui ressemble à un « génocide d’animaux », tandis que la défense martèle qu’aucune infraction criminelle n’a été commise.
« En vrai, concernant les portées de chiots naissants et les chiens adultes, ce que les témoins de la poursuite vous ont raconté, monsieur le juge, c’est qu’ils ont constaté… presque un génocide, chez Mi-Loup. Un génocide d’animaux », a soutenu la procureure de la Couronne, Me Annie Bastarache, durant sa plaidoirie.
Le juge Hubert Couture a tenu à préciser qu’il n’« adhère pas » à l’utilisation de ce terme, lui qui avait soulevé en début de procès l’aspect potentiellement sensible de ce dossier.
Selon la poursuite, pendant près de 15 ans, « des centaines, voire des milliers de chiens » auraient été tués, en l’absence d’un contrôle adéquat des naissances, à l’établissement de l’île d’Orléans.
Lors de son témoignage, le copropriétaire Antoine Simard a admis avoir mis à mort des portées de chiots, mais uniquement en leur cassant le cou pour lutter contre une surpopulation durant un nombre limité d’années.
Il a aussi reconnu avoir euthanasié des chiens adultes pour des causes comme la vieillesse ou la maladie à l’aide d’une boîte en y injectant un gaz.
La représentante du ministère public l’a désigné comme étant le « maître d’orchestre » des infractions reprochées tout en réclamant que son témoignage « invraisemblable » et « cousu de fil blanc » soit rejeté entièrement.
Les autres coaccusés, Elisabeth Leclerc, la conjointe de Simard, et Edouard Parent, ex-employé, ont également une part de responsabilité dans les mauvais traitements allégués, a-t-elle soumis.
PAS CRIMINEL
Le trio est accusé d’avoir tué ou blessé des chiens et de leur avoir causé de la souffrance, de 2008 à 2022. Simard et Leclerc sont en plus accusés d’avoir omis de fournir l’alimentation et les soins appropriés.
Hier, la défense a plutôt demandé l’acquittement de tous, sur tous les chefs. « Ce qui est moralement blâmable n’est pas nécessairement criminel », a insisté Me Stéphanie Pelletier-Quirion, qui représente Simard et Leclerc.
Elle a tenté de mettre en doute la crédibilité de plusieurs témoins, dont certains auraient surestimé de manière importante le nombre d’euthanasies. Quant à Leclerc, elle était rarement vue au chenil, argue-t-elle.
Me Gabriel Michaud-Brière, qui représente Parent, a de son côté estimé que la preuve envers son client est « mince » et « ténue ».
Le juge Couture devrait rendre son verdict en juin.