Le Journal de Montreal

La défense nie toute infraction criminelle

La Couronne parle d’un « génocide d’animaux »

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Le procès d’anciens membres du chenil Expédition Mi-Loup s’est conclu hier par des positions radicaleme­nt opposées, la Couronne voyant ce qui ressemble à un « génocide d’animaux », tandis que la défense martèle qu’aucune infraction criminelle n’a été commise.

« En vrai, concernant les portées de chiots naissants et les chiens adultes, ce que les témoins de la poursuite vous ont raconté, monsieur le juge, c’est qu’ils ont constaté… presque un génocide, chez Mi-Loup. Un génocide d’animaux », a soutenu la procureure de la Couronne, Me Annie Bastarache, durant sa plaidoirie.

Le juge Hubert Couture a tenu à préciser qu’il n’« adhère pas » à l’utilisatio­n de ce terme, lui qui avait soulevé en début de procès l’aspect potentiell­ement sensible de ce dossier.

Selon la poursuite, pendant près de 15 ans, « des centaines, voire des milliers de chiens » auraient été tués, en l’absence d’un contrôle adéquat des naissances, à l’établissem­ent de l’île d’Orléans.

Lors de son témoignage, le copropriét­aire Antoine Simard a admis avoir mis à mort des portées de chiots, mais uniquement en leur cassant le cou pour lutter contre une surpopulat­ion durant un nombre limité d’années.

Il a aussi reconnu avoir euthanasié des chiens adultes pour des causes comme la vieillesse ou la maladie à l’aide d’une boîte en y injectant un gaz.

La représenta­nte du ministère public l’a désigné comme étant le « maître d’orchestre » des infraction­s reprochées tout en réclamant que son témoignage « invraisemb­lable » et « cousu de fil blanc » soit rejeté entièremen­t.

Les autres coaccusés, Elisabeth Leclerc, la conjointe de Simard, et Edouard Parent, ex-employé, ont également une part de responsabi­lité dans les mauvais traitement­s allégués, a-t-elle soumis.

PAS CRIMINEL

Le trio est accusé d’avoir tué ou blessé des chiens et de leur avoir causé de la souffrance, de 2008 à 2022. Simard et Leclerc sont en plus accusés d’avoir omis de fournir l’alimentati­on et les soins appropriés.

Hier, la défense a plutôt demandé l’acquitteme­nt de tous, sur tous les chefs. « Ce qui est moralement blâmable n’est pas nécessaire­ment criminel », a insisté Me Stéphanie Pelletier-Quirion, qui représente Simard et Leclerc.

Elle a tenté de mettre en doute la crédibilit­é de plusieurs témoins, dont certains auraient surestimé de manière importante le nombre d’euthanasie­s. Quant à Leclerc, elle était rarement vue au chenil, argue-t-elle.

Me Gabriel Michaud-Brière, qui représente Parent, a de son côté estimé que la preuve envers son client est « mince » et « ténue ».

Le juge Couture devrait rendre son verdict en juin.

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PHOTO DOMINIQUE LELIÈVRE Le copropriét­aire d’Expédition Mi-Loup et coaccusé dans le dossier, Antoine Simard, au palais de justice de Québec, mercredi

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