La clé est entre les mains des Américains
Deux ans après l’invasion russe, le sort de l’Ukraine dépend des politiciens américains. Le leadership républicain a préféré prendre deux semaines de vacances plutôt que de régler ce dossier, ce qui porte à croire qu’on s’apprête à fermer le robinet.
Pourquoi ? Ça s’explique d’abord par la paralysie du Congrès, amplifiée en cette année électorale où les républicains ne veulent rien concéder à Joe Biden. Il y a aussi l’isolationnisme de bon nombre d’électeurs et l’opportunisme des politiciens qui les courtisent.
Ce n’est pas tout. Même s’ils font mine d’entériner le discours de fermeté face à l’expansionnisme russe de la vieille garde républicaine, une bonne partie des élus trumpistes – et leurs partisans – se reconnaissent davantage dans le nationalisme religieux paléoconservateur colporté par Vladimir Poutine que dans le cosmopolitisme démocratique et libéral incarné par Volodymyr Zelensky.
DONALD TRUMP
En effet, l’autocrate du Kremlin enrobe son régime kleptocratique dans une idéologie nationaliste, fondamentaliste chrétienne et anti-moderne qui trouve écho dans une bonne partie de la droite américaine.
Quant à Donald Trump, que son à-plat-ventrisme devant Poutine s’explique par des considérations financières ou par quelque psychopathologie, son admiration pour le personnage est évidente. Il l’envie peut-être aussi de ne pas avoir à s’encombrer des petits inconvénients de la démocratie comme l’État de droit ou le respect de l’opposition.
Trump se moque des idéologies, mais si ses plus fervents cultistes partagent celle de Poutine, pourquoi le confronter ?
RÉSISTANCE
Bien sûr, il existe encore une résistance à l’aide à l’Ukraine basée sur la vieille opposition à « l’impérialisme » de l’extrême gauche (chez nous, ça prend la forme d’un anti-américanisme primaire).
Dans cette résistance, les extrêmes opposés se rejoignent. L’extrême gauche américaine exprimera son opposition en votant pour des tiers partis qui aideront Trump. L’extrême droite restera fidèle à Trump, qui a promis d’éteindre le conflit en 24 heures, vraisemblablement en livrant l’Ukraine à Poutine sur un plateau d’argent.