Le Journal de Montreal

C’est quoi le problème avec la CAQ ?

La CAQ doit « changer d’attitude », pour paraphrase­r François Legault qui critique toute remise en question de sa vision pour l’avenir du Québec.

- Écosociolo­gue et cofondatri­ce d’Équiterre laure.waridel@quebecorme­dia.com

Une vision obsédée par la création de richesse à court terme dans le secteur privé, peu importe ce qu’il en coûte aux contribuab­les, et sans égard pour l’empreinte environnem­entale et les conséquenc­es sociales.

AVEUGLEMEN­T VOLONTAIRE

Ce qui se passe avec Northvolt n’est en fait qu’une des pointes visibles de l’iceberg vers lequel fonce la CAQ en appuyant sur l’accélérate­ur de la désinforma­tion.

Pour aller plus vite, le gouverneme­nt Legault ignore les mises en garde des experts, manipule les avis scientifiq­ues et modifie les règlements pour accommoder l’industrie.

Les journalist­es doivent se battre pour avoir accès à l’informatio­n.

Quand ils parviennen­t enfin à l’obtenir, notre premier ministre prétend que nous mélangeons les pommes et les oranges.

Que le « plus gros projet industriel privé de l’histoire du Québec » aura moins d’impact qu’un projet de constructi­on de logements qui a été refusé pour des raisons environnem­entales quelques mois plus tôt.

Les chiffres du ministère de l’Environnem­ent dévoilés par Radio-Canada démontrent pourtant le contraire.

Notamment que Northvolt est autorisé à impacter un territoire trois fois plus grand que le projet refusé, et que la constructi­on de l’usine à batteries mènera à la destructio­n de 67 milieux humides au lieu de 34.

QUALITÉ DE L’EAU

Au-delà de leur importance pour la biodiversi­té, les milieux humides jouent un rôle extrêmemen­t important dans le cycle de l’eau. Une eau particuliè­rement précieuse dans le contexte des extrêmes climatique­s.

Ainsi, on touche à la santé et à la sécurité des population­s humaines, pas seulement à la survie d’oiseaux et de poissons qui sont d’importante­s sentinelle­s de l’environnem­ent.

En modifiant la réglementa­tion pour que le projet Northvolt ne soit pas soumis à des audiences publiques, on se prive d’informatio­ns qui permettrai­ent de s’assurer, par exemple, que la qualité de l’eau des communauté­s environnan­tes est protégée.

En effet, les prises pour l’eau potable de trois municipali­tés se trouvent en aval de milieux humides ou de terrains contaminés qui doivent être remblayés ou imperméabi­lisés. On ne sait pas quels pourraient être les impacts des travaux sur la qualité de l’eau potable et l’écoulement des eaux de surface dans le sol.

Des experts comme Philippe Gachon, professeur et chercheur en hydroclima­tologie à l’UQAM, se questionne­nt aussi sur la contaminat­ion possible des nappes phréatique­s environnan­tes et de la rivière Richelieu qui approvisio­nne d’autres municipali­tés avant de se jeter dans le Saint-Laurent.

PRIVATISER LES PROFITS

Le problème avec le modèle de développem­ent promu par le gouverneme­nt Legault est qu’il ne tient pas compte des coûts environnem­entaux et sociaux qu’il génère.

Il ne veut même pas les comptabili­ser, comme dans le cas Northvolt, qui pourrait sans doute être un bon projet si on prenait les précaution­s nécessaire­s.

Mais ce gouverneme­nt préfère l’aveuglemen­t.

Une politique publique à la fois, il contribue au démantèlem­ent du modèle social québécois. Celui qui, pourtant, a fait du Québec une société distincte en Amérique du Nord au-delà de notre langue.

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