Quelques conseils pour les couples dont les revenus sont différents à la retraite
Au sein d’un couple, les revenus des conjoints ne sont pas toujours égaux à la retraite. Voici comment rééquilibrer les montants et tirer votre épingle du jeu sur le plan fiscal.
Notre système d’imposition progressif fait en sorte que plus le revenu est élevé, plus la facture fiscale sera salée, une règle qui s’applique aussi aux revenus de retraite.
« Par exemple, si l’on se base sur les tables d’imposition actuelles, sur un revenu annuel de 100 000 $, le contribuable devra verser environ 26 à 27 % au fisc, soit approximativement 27 000 $ », précise Simon Houle, planificateur financier pour le Groupe Onyx affilié IA Gestion privée de patrimoine et secrétaire-trésorier de l’organisme ÉducÉpargne.
En revanche, si chaque membre du couple perçoit un revenu de 50 000 $, la facture fiscale sera de 9000 $ chacun (18 %) pour un total de 18 000 $, soit 9000 $ de moins !
C’est pourquoi l’idéal est d’équilibrer les revenus entre les conjoints afin de diminuer l’impact fiscal.
REER DE CONJOINT
Cette stratégie doit être mise en place avant la retraite. Elle consiste, pour la personne qui gagne le revenu le plus élevé, à verser des montants dans le REER de son conjoint.
La personne qui effectue la cotisation bénéficiera de la déduction fiscale même si les sommes versées dans le REER appartiennent désormais au conjoint.
« Attention, cet argent ne pourra pas être retiré du REER pendant une période d’environ deux ans – trois 31 décembre doivent s’être écoulés depuis la cotisation – sinon c’est le conjoint cotisant qui payera l’impôt et non celui qui fera le retrait », prévient Simon Houle.
Qu’advient-il en cas de séparation ? Si le couple est marié, le patrimoine familial est partagé entre les conjoints, notamment les REER. Ce n’est toutefois pas le cas pour les personnes en union de fait.
« Si le couple se sépare, la personne conservera les cotisations même si elles ont été versées par son conjoint. Pour se protéger, on peut préparer une convention de vie commune prévoyant qui garde quoi », souligne le planificateur financier.
DIVISER LE RRQ
Cette stratégie peut s’appliquer si les deux conjoints ont au moins 60 ans. Elle consiste à réunir les deux revenus de retraite issus du Régime de rentes du Québec (RRQ) et à la diviser entre eux. Autrement dit, une partie de la rente de retraite de l’un des conjoints est perçue par l’autre. Le couple peut être marié, uni civilement ou en union de fait.
De cette façon, la personne dont le revenu est le plus élevé verra sa facture fiscale réduite, car une partie de sa rente s’ajoutera au revenu de son conjoint. Au bout du compte, l’impôt total sera donc probablement moins élevé.
« Il faut savoir que le partage n’est pas nécessairement effectué à parts égales, mais est calculé en fonction de la période de vie commune », précise Simon Houle.
FRACTIONNEMENT DU REVENU DE PENSION
Il est également possible de fractionner jusqu’à 50 % du revenu issu d’un fonds de pension d’un employeur, d’un FERR ou d’un FRV (fonds de revenu viager) avec son conjoint à partir de l’âge de 65 ans.
« Il s’agit d’une écriture comptable, le fractionnement s’effectue uniquement au niveau fiscal », souligne Simon Houle.
Cela signifie que l’argent n’est pas versé dans le compte du conjoint et demeure dans celui du bénéficiaire. Sachez qu’il est aussi possible de fractionner le fonds de pension de l’employeur avant 65 ans, mais uniquement au niveau fédéral et pas au provincial.
DÉCAISSEMENT DU FERR
Après l’âge de 71 ans, les REER doivent obligatoirement être transférés dans un FERR. Dès lors, vous devrez retirer un montant minimum, calculé en fonction de votre âge. Plus on augmente en âge, plus le pourcentage est élevé. Si votre conjoint est plus jeune, vous pourrez toutefois retirer le montant correspondant à son âge et non au vôtre. Cela permet du même coup de réduire votre revenu et donc l’impôt.
ÉVITER LA RÉCUPÉRATION DE LA PSV
Équilibrer les revenus entre les conjoints présente un autre avantage : il permet de réduire ou supprimer l’impôt de récupération sur la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV).
Il faut savoir que si votre revenu net est supérieur à un certain seuil, vous devrez rembourser partiellement ou en totalité la PSV. Actuellement, ce montant est de 86 912 $ pour l’année de revenu 2023, mais il augmente progressivement.
Le cas échéant, on devra donc rembourser 15 % du montant excédant ce seuil. Pour ce faire, votre PSV mensuelle sera réduite afin de prendre en compte cet impôt de récupération. À noter que le calcul se fait chaque année en fonction des revenus gagnés. Réduire vos revenus permet du même coup de diminuer l’impôt de récupération, ou même de l’éviter.