CÉSAR : les femmes dénoncent les violences sexuelles
PARIS | (AFP) L’actrice Judith Godrèche, devenue le fer de lance de la dénonciation des violences sexuelles dans le cinéma français, a dénoncé le « niveau d’impunité, de déni et de privilège » dans le milieu lors d’un discours aux 49e César, hier, à Paris.
« Pourquoi accepter que cet art qui nous lie soit utilisé comme couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ? » a interrogé celle qui a libéré la parole sur le sujet en portant plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques pendant son adolescence, que ces derniers nient.
« Il faut se méfier des petites filles, elles touchent le fond de la piscine, elles se blessent, mais elles rebondissent », a-t-elle ajouté, appelant à « croire » les victimes.
La cérémonie se déroule sous haute tension, les victimes de violences sexistes et sexuelles espérant qu’elle fera date. La question a surgi d’emblée, dans les propos liminaires de la présidente de la cérémonie, Valérie Lemercier.
« Je ne quitterai pas ce plateau sans louer celles et ceux qui font bouger les us et coutumes d’un très vieux monde où les corps des uns étaient implicitement à la disposition des corps des autres », a déclaré la présidente.
Tout aussi symbolique, l’Académie a le César de la meilleure actrice dans un second rôle, à Adèle Exarchopoulos, pour Je verrai toujours vos visages, où elle interprète une victime d’inceste.
Avant la cérémonie, une centaine de personnes ont manifesté devant l’Olympia, pour soutenir la parole des victimes. « Tous ensemble, on peut vraiment aider à ce que les choses bougent, un monde vraiment meilleur peut s’ouvrir », a déclaré l’actrice Anna Mouglalis, qui a accusé les réalisateurs Philippe Garrel et Jacques Doillon de l’avoir agressée sexuellement.
Censés représenter le cinéma dans sa diversité, les César ont évolué depuis la cataclysmique édition 2020 où Roman Polanski, accusé de viol, a reçu le prix du meilleur réalisateur pour J’accuse.
L’institution a été renouvelée. Une règle de « non-mise en lumière » des mis en cause par la justice « pour des faits de violence » a été instituée (pas d’invitation aux événements liés aux César, pas de remise de statuette sur scène ni de discours pour les lauréats).