Le Journal de Montreal

Oui, on peut décider de déshériter son enfant !

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À 17 ans ma fille est tombée enceinte et le père s’est évaporé dans la nature. Elle et sa fille sont venues vivre chez moi. Quand je rentrais du travail, tout était en désordre. Je travaillai­s de jour, mais c’était quand même moi qui me levais la nuit pour le bébé.

Épuisée après un an, j’ai demandé à ma fille de partir. Elle a pris ça comme un rejet. Pour me faire pardonner, j’ai signé son bail et payé son loyer ensuite. À tout bout de champ, elle me débarquait sa fille sous prétexte qu’elle avait quelque chose à faire et ne pouvait pas se payer de gardienne. Je ne savais jamais quand elle viendrait la rechercher. J’ai accepté ça pendant huit ans.

Puis elle s’est fait un chum et la petite a été abusée par ce garçon. S’est alors enclenché le processus judiciaire et les psychologu­es sont débarqués dans la vie de l’enfant. L’école m’appelait souvent à l’époque parce que la petite arrivait en pyjama sans lunch pour le midi. Les disputes avec ma fille étaient un véritable enfer.

À 14 ans, elle a décidé d’envoyer la petite au collège pour trois ans. Comme elle ne voulait plus que je me mêle de sa vie, elle a coupé les ponts avec moi. Puis elle est retombée enceinte, alors elle a rappliqué parce qu’elle avait besoin de moi comme gardienne. Et le scénario d’avant a repris jusqu’à ce qu’elle décide que je gâtais trop son fils et qu’elle coupe de nouveau les ponts. Je ne les vois plus, ni elle ni son fils. J’ai su qu’elle s’était mariée sans m’inviter. Puis j’ai été très malade et elle n’est jamais venue me voir.

Heureuseme­nt, ma petite-fille a maintenu le contact avec moi. On passe Noël ensemble chaque année. Elle a 21 ans maintenant et me rend souvent visite. C’est donc elle qui sera mon héritière. Pour tout vous dire, Louise, je me sens libérée. Ma fille fait désormais sa vie et moi la mienne. Je suis à la retraite, je voyage, et je suis convaincue que l’univers se chargera de la suite. C’est pourquoi je conseille à toutes les femmes de s’affranchir en lâchant prise avec leurs enfants qui ne les respectent pas.

Anonyme

Vous le savez, que je partage votre décision à ce propos puisque j’en ai déjà fait mention dans ce Courrier. L’idée qu’un parent doive obligatoir­ement privilégie­r ses enfants dans son testament ne tient pas la route dans certains cas de figure, dont le vôtre.

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