De l’Égypte à Chibougamau, pour l’amour de son sport
Raouf Henri Sassine, décédé ce mois-ci, a initié plusieurs jeunes à l’art du fleuret
Homme d’exception, Raouf Henri Sassine aura vécu par l’épée, le sabre et le fleuret, sans pour autant périr de cette façon.
Si l’escrime n’a jamais été un sport de prédilection au Québec, l’entraîneur Henri Sassine, décédé sereinement plus tôt ce mois-ci, à 83 ans, aura réussi l’exploit peu banal d’intégrer la discipline à la culture de Chibougamau.
Originaire de l’Égypte, Sassine n’était encore qu’un jeune adulte, à 25 ans, lorsqu’il est débarqué au Québec.
Rapidement, il s’est retrouvé dans le nord de la province, à Chibougamau, où l’attendait un poste de professeur en éducation physique. Au fil des ans, il a notamment initié plusieurs jeunes à l’escrime, si bien que neuf de ses athlètes ont atteint les Jeux olympiques entre 1984 et 2020.
« C’est vraiment touchant tous les témoignages que l’on reçoit depuis son décès », a confié sa fille Sandra Sassine, qui a elle-même participé deux fois aux Jeux olympiques, armée de son sabre, à Pékin (2008) et à Londres (2012).
« Il était maître d’escrime, mais c’était quelqu’un qui avait d’abord un amour pour le sport en général, il voulait faire bouger les gens, il avait à coeur la santé des autres. On pouvait aller en vacances en famille et il recrutait des personnes sur la plage pour faire de l’exercice. »
Au-delà des athlètes qu’il a développés au club Scaramouche, dont les frères Jean-Paul et Jean-Marie Banos, monsieur Sassine aura marqué bien des élèves de l’école secondaire Vinette, à Chibougamau. On planche d’ailleurs à une façon de l’honorer là-bas.
« UN FIER IMMIGRANT »
Aujourd’hui, c’est sa famille, ses amis, ses anciens athlètes qui célébreront sa vie à l’Église de la Visitation du Sault-auRécollet, à Montréal.
« Il était un fier immigrant, a tenu à souligner sa fille Sandra. Il était tellement fier qu’on représente le Canada, en escrime, sur la scène internationale. Il insistait pour qu’on se présente aux compétitions la tête haute. Il croyait en nous, les athlètes, et ce sentiment nous envahissait. Il était parfois dur, en raison de son passé dans l’armée, mais il nous amenait à offrir le meilleur de soi-même, ce qu’il donnait lui aussi. »
Pour arriver à créer une pépinière d’escrimeurs à Chibougamau, une ville n’ayant jamais dépassé largement le cap des 10 000 âmes, ça prenait assurément quelqu’un de très spécial.
Dans la région de Montréal, monsieur Sassine aura aussi marqué l’existence du club d’escrime Coeur de Lion, du Collège Regina Assumpta.