250 KM EN PLEIN DÉSERT À 55 DEGRÉS
Nicolas Fournel se lance dans ces aventures extrêmes pour l’expérience, la découverte et la culture
Certains diront qu’il y a d’autres moyens efficaces pour découvrir un pays, une culture ou admirer des paysages uniques. Nicolas Fournel, lui, estime que ça passe par les plus folles, et pénibles, aventures au monde.
Ce Montréalais d’origine française, qui s’est installé au Québec en 2015 après avoir quitté Toulon sur la Côte d’Azur, ne se préoccupe pas du chrono dans les épreuves extrêmes auxquelles il participe.
Même si ce technicien électrique chez Hydro-Québec se dit un compétiteur dans l’âme, il ne s’y lance pas pour le défi sportif qu’elles représentent, mais plutôt pour les aspects culturel, social et même psychologique.
« Je ne fais pas partie des fous qui partent devant à fond de train. Je suis de ceux qui sont en arrière », plaisantet-il en présentant une image forte de son style.
TRAVERSÉE DU DÉSERT
Fournel a participé à bon nombre d’épreuves folles à travers le monde, dont la TransMartinique qu’il décrit comme une course « vraiment extrême et sauvage », la Diagonale des Fous qui porte bien son nom puisqu’il « faut être un peu fou pour s’y mesurer » et le Marathon des Sables (MDS).
Cette épreuve d’endurance à la course lui en a fait baver au printemps dernier ; il raconte avoir été écrasé par la chaleur extrême et le soleil du désert du Sahara au Maroc.
Le MDS est décrit comme « la course à pied la plus difficile sur la planète » avec sa traversée du désert sur 250 km, à la marche ou à la course, étalée sur six étapes et plus d’une semaine. Les distances de chacune des étapes varient entre 15 et 90 km. L’aventure est réalisée en autosuffisance alimentaire. Les participants doivent donc traîner leur équipement et leur bouffe, majoritairement lyophilisée.
DU SABLE À PERTE DE VUE
Préférant la chaleur au froid glacial, Fournel s’est donc lancé le défi de conquérir à sa façon le désert marocain, de s’imprégner de la culture et d’y faire de belles rencontres.
« Je suis aventureux de nature. Plus jeune, je voulais m’enrôler dans l’armée. J’aime le dépassement de soi et aller chercher dans mon for intérieur ce dont je suis capable. Tout le monde souhaite faire la course la plus difficile », explique-t-il.
Mais… « Pendant 250 km, on est en plein désert. On traverse des kilomètres et des kilomètres de sable. On a l’impression qu’on n’arrivera jamais au bout. Il n’y a que du soleil, pas d’arbres ou presque. Si on a la chance d’en croiser un, c’est certain qu’on y trouve quelqu’un qui tente de se cacher du soleil. »
« La difficulté n’est pas la distance, c’est la chaleur extrême. Ça grimpe au-delà de 55 degrés Celsius. On n’a pas moyen de se rafraîchir au milieu des dunes de sable. Les 12 litres d’eau par jour ne suffisent pas. Il ne faut pas croire au mirage et à la belle oasis. On n’en voit pas. On voit du sable et des fissures sur le sol desséché. Il faut trouver un moyen de s’adapter à se nourrir, dormir. »
Fort psychologiquement, Fournel n’a pas pensé abandonner comme 322 des 1085 participants de la dernière édition. De toute façon, l’abandon ne signifie pas un rapatriement expéditif et automatique pour sortir de la fournaise. Ceux qui choisissent cette option peuvent attendre un long moment avant l’arrivée de leurs sauveurs.
« QU’EST-CE QUE JE FOUS ICI ? »
Il raconte avoir parfois croisé des participants à l’agonie et d’autres qui disaient « ce n’est pas vrai que je vais mourir ici ».
« En pleine course, parfois, je me demandais bien ce que je foutais là, car c’est super dangereux avec la chaleur et l’isolement. [Quand on est] soumis à ces conditions, les peurs s’installent », explique le coureur de 38 ans qui a rallié l’arrivée en 57 heures 59 minutes.
Au-delà des défis éreintants qu’il présente, le MDS a aussi ses bons côtés, croit-il en énumérant les rencontres, les paysages observés et les connaissances acquises. Il a également appris à mieux se connaître.
Il lui fallait le désert du Sahara pour tous ces apprentissages.