RÊVER DES OLYMPIQUES ET PÉDALER JUSQU’AU MEXIQUE
Cycliste professionnelle sur route durant des années, Marie-Soleil Blais a trouvé sa voie sur les sentiers
Longtemps pro du cyclisme sur route et membre de l’équipe nationale jusqu’en 2022, MarieSoleil Blais a emprunté un tout autre chemin après s’être rendue à l’évidence qu’elle ne cadrait plus dans le moule. La sympathique Québécoise a troqué le rutilant vélo de route pour celui de sentier afin de se lancer dans les épreuves de fond.
Comme banc d’essai, elle a participé à « l’interminable » Tour Divide deux fois plutôt qu’une. Une épreuve en autonomie complète qu’elle a faite une première fois en cachette et la deuxième, de façon officielle.
Le Tour Divide, c’est une très longue randonnée de vélo de montagne sur les sentiers sinueux de l’Amérique du Nord. L’épreuve débute à Banff, en Alberta, et suit le sentier de vélo réputé du même nom en longeant les chaînes de montagnes. Il se termine 4500 kilomètres plus au sud, à la frontière des États-Unis et du Mexique.
DEUIL OLYMPIQUE
Si elle rêvait de traverser l’Amérique en vélo après avoir rencontré un cyclotouriste débarqué à Trois-Rivières en provenance de Boston alors qu’elle était tout juste âgée de 12 ans, les rêves de Blais ont par la suite changé.
La cycliste spécialiste à l’épreuve du contre-la-montre souhaitait participer aux Jeux olympiques. Pour une multitude de raisons, dont le système de pointage de l’UCI durant la pandémie et des décisions de l’équipe canadienne, elle a raté la fenêtre de possibilités pour ceux de Tokyo. Elle fait présentement le douloureux deuil de ceux de Paris puisqu’elle a trouvé une autre route la rendant heureuse.
« J’ai tout fait et tout essayé. Je vois qu’il y a autre chose dans la vie. J’estime avoir trouvé ce qu’il y a de mieux pour moi. Le Tour Divide m’a aidée à y arriver », assure, avec un trémolo dans la voix, la cycliste de 35 ans.
« Quand j’ai fait le Tour Divide en cachette en 2022 pour du repérage et pour tester mes limites, je me suis sentie tellement bien. J’étais à ma place. Ma voix me disait d’aller où ça me tentait plutôt que de retourner vers les portes fermées. C’est émouvant, car je me suis pleinement investie durant tant d’années. »
UNE ÉPREUVE « QUI FAISAIT PEUR »
Blais possède une forte personnalité flamboyante et colorée. Passionnée, intense et déterminée, elle vit à fond.
Le Tour Divide l’interpellait depuis qu’elle avait regardé un documentaire à ce sujet. Elle souhaitait se lancer un véritable défi d’envergure et affronter ses peurs : faire un long voyage à vélo dans les sentiers montagneux et forestiers, dormir dehors, camper et rouler parmi les animaux de la forêt.
« C’est une énorme épreuve. Elle me faisait peur. Mais il faut les confronter pour réussir et en ressortir plus fort. » Les cyclotouristes réalisent le trajet de 4500 kilomètres en 70 jours.
Les machines de l’endurance du Tour Divide, eux, en moins d’une vingtaine de jours.
Avec un chrono final de 19 jours, 9 heures et 26 minutes, la Québécoise a pris le 8e rang chez les femmes au terme d’une intense et chaude lutte.
DOULEURS INTENSES
C’était d’autant plus difficile pour celle qui se démarquait autrefois en sprint. Elle a d’ailleurs conservé ses « mauvaises habitudes » alimentaires en carburant au sucre. Tout y est passé : boissons gazeuses, chocolat, friandises, pain, etc. Ce qui lui a causé des douleurs à la bouche, la langue, les dents et des maux d’estomac.
« C’est vraiment l’inexpérience. Je n’avais pas l’énergie nécessaire pour bien digérer. Mon estomac était constamment en stress. »
Enfourchant des bécanes depuis des années, elle croyait être en mesure d’endurer les douleurs de la position en plus de sa selle, mais elle n’avait rien vu sur des milliers de kilomètres.
SENTIMENT EXTRÊME
En contemplant les magnifiques paysages du Wyoming, du Montana et du Colorado sur le plus long sentier de vélo de montagne au monde, Blais a réalisé ses objectifs.
« Le plus grand sentiment de fierté, l’accomplissement, découle des épreuves les plus difficiles. J’ai vécu cela en surmontant mes craintes. Le sentiment de satisfaction extrême vient dans les défis extrêmes. »
Blais a trouvé sa voie et ne l’oubliera jamais.