Le Journal de Montreal

RÊVER DES OLYMPIQUES ET PÉDALER JUSQU’AU MEXIQUE

Cycliste profession­nelle sur route durant des années, Marie-Soleil Blais a trouvé sa voie sur les sentiers

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

Longtemps pro du cyclisme sur route et membre de l’équipe nationale jusqu’en 2022, MarieSolei­l Blais a emprunté un tout autre chemin après s’être rendue à l’évidence qu’elle ne cadrait plus dans le moule. La sympathiqu­e Québécoise a troqué le rutilant vélo de route pour celui de sentier afin de se lancer dans les épreuves de fond.

Comme banc d’essai, elle a participé à « l’interminab­le » Tour Divide deux fois plutôt qu’une. Une épreuve en autonomie complète qu’elle a faite une première fois en cachette et la deuxième, de façon officielle.

Le Tour Divide, c’est une très longue randonnée de vélo de montagne sur les sentiers sinueux de l’Amérique du Nord. L’épreuve débute à Banff, en Alberta, et suit le sentier de vélo réputé du même nom en longeant les chaînes de montagnes. Il se termine 4500 kilomètres plus au sud, à la frontière des États-Unis et du Mexique.

DEUIL OLYMPIQUE

Si elle rêvait de traverser l’Amérique en vélo après avoir rencontré un cyclotouri­ste débarqué à Trois-Rivières en provenance de Boston alors qu’elle était tout juste âgée de 12 ans, les rêves de Blais ont par la suite changé.

La cycliste spécialist­e à l’épreuve du contre-la-montre souhaitait participer aux Jeux olympiques. Pour une multitude de raisons, dont le système de pointage de l’UCI durant la pandémie et des décisions de l’équipe canadienne, elle a raté la fenêtre de possibilit­és pour ceux de Tokyo. Elle fait présenteme­nt le douloureux deuil de ceux de Paris puisqu’elle a trouvé une autre route la rendant heureuse.

« J’ai tout fait et tout essayé. Je vois qu’il y a autre chose dans la vie. J’estime avoir trouvé ce qu’il y a de mieux pour moi. Le Tour Divide m’a aidée à y arriver », assure, avec un trémolo dans la voix, la cycliste de 35 ans.

« Quand j’ai fait le Tour Divide en cachette en 2022 pour du repérage et pour tester mes limites, je me suis sentie tellement bien. J’étais à ma place. Ma voix me disait d’aller où ça me tentait plutôt que de retourner vers les portes fermées. C’est émouvant, car je me suis pleinement investie durant tant d’années. »

UNE ÉPREUVE « QUI FAISAIT PEUR »

Blais possède une forte personnali­té flamboyant­e et colorée. Passionnée, intense et déterminée, elle vit à fond.

Le Tour Divide l’interpella­it depuis qu’elle avait regardé un documentai­re à ce sujet. Elle souhaitait se lancer un véritable défi d’envergure et affronter ses peurs : faire un long voyage à vélo dans les sentiers montagneux et forestiers, dormir dehors, camper et rouler parmi les animaux de la forêt.

« C’est une énorme épreuve. Elle me faisait peur. Mais il faut les confronter pour réussir et en ressortir plus fort. » Les cyclotouri­stes réalisent le trajet de 4500 kilomètres en 70 jours.

Les machines de l’endurance du Tour Divide, eux, en moins d’une vingtaine de jours.

Avec un chrono final de 19 jours, 9 heures et 26 minutes, la Québécoise a pris le 8e rang chez les femmes au terme d’une intense et chaude lutte.

DOULEURS INTENSES

C’était d’autant plus difficile pour celle qui se démarquait autrefois en sprint. Elle a d’ailleurs conservé ses « mauvaises habitudes » alimentair­es en carburant au sucre. Tout y est passé : boissons gazeuses, chocolat, friandises, pain, etc. Ce qui lui a causé des douleurs à la bouche, la langue, les dents et des maux d’estomac.

« C’est vraiment l’inexpérien­ce. Je n’avais pas l’énergie nécessaire pour bien digérer. Mon estomac était constammen­t en stress. »

Enfourchan­t des bécanes depuis des années, elle croyait être en mesure d’endurer les douleurs de la position en plus de sa selle, mais elle n’avait rien vu sur des milliers de kilomètres.

SENTIMENT EXTRÊME

En contemplan­t les magnifique­s paysages du Wyoming, du Montana et du Colorado sur le plus long sentier de vélo de montagne au monde, Blais a réalisé ses objectifs.

« Le plus grand sentiment de fierté, l’accompliss­ement, découle des épreuves les plus difficiles. J’ai vécu cela en surmontant mes craintes. Le sentiment de satisfacti­on extrême vient dans les défis extrêmes. »

Blais a trouvé sa voie et ne l’oubliera jamais.

 ?? PHOTO FOURNIE PAR MARIE-SOLEIL BLAIS ?? À l’été 2023, la cycliste québécoise Marie-Soleil Blais a fait l’expérience de la course du Tour Divide, une épreuve de vélo reliant Banff, au Canada, à la frontière mexicaine, 4500 km plus au sud.
PHOTO FOURNIE PAR MARIE-SOLEIL BLAIS À l’été 2023, la cycliste québécoise Marie-Soleil Blais a fait l’expérience de la course du Tour Divide, une épreuve de vélo reliant Banff, au Canada, à la frontière mexicaine, 4500 km plus au sud.

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