UN TOUR DE10 FORCE ULTIME ET UNIQUE
Un ex-militaire québécois est l’un des trois hommes sur la planète à avoir réussi le défi Epic Deca
À sa sortie des Forces armées canadiennes, siphonné par le tourbillon de la vie qui l’a attiré jusqu’au fond du baril, Jean-David Tremblay a trouvé sa voie et ses raisons de vivre en réussissant des épreuves de triathlon de type Ironman. À l’été 2022, dans un défi complètement dément, il en a aligné 10... en 10 jours.
Pour souligner le 10e anniversaire de l’épreuve Epic 5 qui se déroule sur l’archipel d’Hawaï, l’organisation a eu la folle idée de doubler son défi habituel.
Vous comprendrez que le 5 au bout d’Epic représente cinq fois la distance d’un triathlon Ironman. Donc, pour l’édition spéciale du Deca, les 10 étaient « frimés ». Dix participants devaient nager 3,8 kilomètres, en pédaler 180 et en courir 42,2. Chaque jour. Pendant 10 jours... consécutifs.
PURE FOLIE
« Tu dois entrer là-dedans et te dire que tu dois le terminer. Il n’y a pas d’autre option », indique Tremblay. Il est l’un des trois hommes sur le globe à avoir réussi ce défi surpassant l’endurance extrême.
C’est une terrible malchance à un docteur qui était inscrit à l’épreuve qui lui a permis d’y participer. Victime d’un accident, l’homme ne pouvait s’y présenter. Le Québécois l’a donc contacté pour acheter sa participation valant 10 000 $.
Comptant plusieurs succès dans de longues épreuves d’endurance telles que l’Ultraman Canada où les athlètes nagent 10 km, pédalent 421 km et courent 84,4 km sur trois jours, Tremblay s’est préparé au test ultime hawaïen.
« Je voulais suivre les traces des gens qui ont marqué les épreuves sur le chemin pour s’y rendre », explique-t-il.
Il faut comprendre qu’à ses débuts dans les épreuves d’endurance, Tremblay vivait les moments les plus sombres de sa vie. Sans véritable préparation lors de l’édition du Ironman à Mont-Tremblant en 2019, il espérait que sa fatigue extrême le délivre de ses maux qui le rongeaient depuis son retour dans la vie civile.
« J’étais tellement rendu au fond du baril que j’essayais de trouver plein de solutions pour m’en sortir. J’en ai essayé tellement que je me suis rendu à me rouler dans la neige en bobettes, parce que c’était bon. Tu es prêt à tout pour faire quelque chose de très difficile qui te fera oublier le trouble mental interne. ».
« Pour moi, c’était de me lancer dans des épreuves comme un Ironman. Sans entraînement, il pouvait m’être fatal. »
Mais un ange veillait sur lui cette nuitlà de 2019 dans les Laurentides. Dans les jours suivants, il s’est donc inscrit à une autre course Ironman.
« Cette fois, c’était fait pour les bonnes raisons. J’avais vu et senti que j’étais capable de me dépasser. Mais il me manquait quelque chose et je voulais mettre le doigt dessus. C’était difficile à formuler, car je ne savais pas ce que j’avais accompli. »
RÉCEPTION NÉGATIVE ICI
Durant ses entraînements, alors qu’il se trouvait encore à l’université Western, à London en Ontario pour ses études en génie biomécanique, un entraîneur lui chuchote qu’il semble « être engagé dans une longue aventure qui lui permettrait d’apprendre en chemin ».
En effet, 2260 souffrants kilomètres l’attendaient plus tard à Hawaï.
En réalisant ce coup d’éclat, Tremblay pensait bien modeler son nom dans l’imaginaire du Québec. Mais à son retour, il raconte plutôt avoir été rejeté et traité de fou qui devait être enfermé. Les remarques négatives l’ont évidemment secoué.
« Moi, cette épreuve m’a aidé. Ce titre au Epic Deca, je vais toujours l’avoir, car c’était une édition unique », confirme celui qui continue à participer à des courses d’endurance à travers le monde.
Il en a écrit un livre. Il est aussi devenu entraîneur spécialisé et organisateur d’épreuves.