Le Journal de Montreal

COMMENT SURVIVRE PENDANT 10 JOURS?

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

Pour bien des amateurs, compléter un triathlon de type Ironman est un rêve qui exige un entraîneme­nt intense et une volonté à tout casser. En aligner 10 de suite frappe l’imaginaire.

Jean-David Tremblay s’est entraîné pendant des mois au Texas avant de s’envoler vers les îles hawaïennes. Outre les longues heures à courir, pédaler et nager, il a pris tous les trucs inimaginab­les pour allonger son aventure jusqu’au fil d’arrivée.

« J’avais acquis des techniques au fil de mes différente­s épreuves d’ultra. J’ai utilisé des bottes gonflables qui font en quelque sorte des massages aux jambes, j’ai pris des douches et des bains froids pour relaxer et j’ai mis beaucoup de glaces partout sur le corps », explique-t-il en énumérant quelques procédés lui ayant permis de mieux récupérer.

Durant l’épreuve de course sur les 18 trous d’un terrain de golf à l’un des 10 triathlons, il plongeait ses pieds dans l’eau glaciale durant cinq minutes après chaque tour du terrain. Il profitait de ce moment pour piquer de profonds roupillons puisqu’il dormait en moyenne à peine deux heures par nuit. Rien de réparateur là-dedans.

L’homme de 37 ans a aussi raconté qu’à certains moments, ses pieds étaient tellement enflés qu’il n’était même plus en mesure d’enfiler ses souliers.

QUATRIÈME JOURNÉE QUASI FATALE

Il a souvent été incapable de marcher ou bouger entre les épreuves. Si bien, qu’après la quatrième journée de l’aventure, il est monté en fauteuil roulant dans l’avion transporta­nt les participan­ts d’île en île.

« J’ai cassé après cette journée. Ma figure était brûlée par le soleil, j’avais les lèvres gercées et j’étais lessivé. Je m’étais tellement investi que je pensais ruiner le reste de l’aventure. Mais quand on m’a donné mon sac d’équipement le lendemain matin, je me suis changé et une fois dans l’eau, je nageais uniquement avec mes bras. Mes jambes ne bougeaient plus. »

« Ensuite, dans mes souliers, mes ampoules ont percé. Avec l’eau salée, ce n’est pas génial. C’est ce qui me faisait le plus mal. »

Songeant à abandonner, Tremblay s’est arrêté un moment et il a passé des coups de fil à son entraîneur et son père.

Le premier lui a simplement conseillé de continuer son défi « parce qu’il l’avait payé et qu’il n’avait pas d’autre choix ». Le second, démuni à des milliers de kilomètres au Québec, n’y pouvait rien et l’a simplement écouté.

SECOND SOUFFLE

« J’ai trouvé un autre niveau de persévéran­ce que je ne connaissai­s pas. Tu l’apprends quand tu es placé dans cette position.

« Le corps lâche, il se tend et la respiratio­n est difficile. Le côté psychologi­que prend le dessus et te dit que tu peux faire plus. Il devient le moteur des capacités physiques. C’est comme si la douleur disparaiss­ait. »

Du 6e au 10e triathlon, ils n’étaient plus que trois concurrent­s à survivre à l’Epic Deca.

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