UN PORTEUR DE FLAMBEAU S’ÉTEINT
Défenseur du Canadien lors de la grande dynastie des années 1950, Jean-Guy Talbot est décédé à l’âge de 91 ans
L’ancien hockeyeur Jean-Guy Talbot, membre de la grande dynastie du Canadien de Montréal dans les années 1950 aux côtés de Jean Béliveau et des frères Maurice et Henri Richard, est décédé à 91 ans, jeudi, en fin de soirée.
Sept fois vainqueur de la Coupe Stanley au cours de sa carrière, il compte parmi la douzaine de joueurs ayant remporté les cinq championnats consécutifs, de 1956 à 1960, sous les ordres de Toe Blake.
Parmi eux, Don Marshall est désormais le seul survivant, lui qui aura 92 ans le mois prochain.
Si l’organisation du Canadien a témoigné de sa « grande tristesse » à la suite du décès de M. Talbot, la région de la Mauricie pleure vivement la perte de ce grand « porteur de flambeau ».
C’est d’ailleurs sous ce titre qu’a été publiée la biographie du hockeyeur dans laquelle Serge Savard signait la préface.
« Je n’ai jamais eu le plaisir d’être le coéquipier de Jean-Guy, sauf pour quelques matchs des anciens. J’ai toutefois l’impression d’avoir toujours joué avec lui tellement je le connais bien, a écrit M. Savard. Comme joueur de tours dans le vestiaire, il était un champion. Ses meilleures plaisanteries sont devenues légendaires. »
« Après une des nombreuses conquêtes de la Coupe Stanley du Canadien, l’équipe avait rendez-vous pour une fête à la taverne de Toe Blake, raconte ainsi Louis
Beaudet, co-auteur de la biographie et ami proche de M. Talbot. Jean-Guy était arrivé avant tout le monde et il avait saupoudré le plancher avec du poivre à éternuer. C’était de l’espièglerie à son summum. »
LA CROISIÈRE S’AMUSE
Le côté farceur de Jean-Guy Talbot l’aura suivi tout au long de sa vie. Parmi les témoignages recueillis, on retient cette fois où, sur un bateau de croisière, il avait donné rendez-vous à de nombreuses personnes, le lendemain à 7 h du matin, pour un supposé cours de chant. Les gens s’étaient pointés en grand nombre pendant que monsieur Talbot dormait sur ses deux oreilles.
« Il faisait tout pour amuser, corrobore ainsi Jean-Guy Dubois, ancien maire de Bécancour et co-auteur de Porteur de flambeau. C’était un farceur et il avait cette personnalité faisant que personne ne pouvait lui en vouloir. »
« C’était un rassembleur, ajoute M. Dubois. Il a lui-même connu une grande carrière, mais son rôle dans le vestiaire du Canadien était aussi de cimenter l’équipe. »
Avec cinq conquêtes consécutives de la Coupe Stanley, puis deux autres avec le CH en 1965 et 1966, force est de constater que le natif de Cap-de-la-Madeleine était un très bon maçon.
DES FLEURS ET DES LAMPIONS
En Mauricie, un aréna portant le nom de Jean-Guy Talbot avait été démoli dans les dernières années, mais la Ville de Trois-Rivières a depuis renommé le vieux Colisée en l’honneur de l’ancien défenseur du Canadien.
Des fleurs et des lampions ont justement été déposés à cet endroit, devant une
photo du défunt, dans la journée d’hier. La Ville de Trois-Rivières a également mis son drapeau en berne.
Au-delà de ses qualités de hockeyeur et de farceur, M. Talbot tenait à demeurer simple, humble et terre-à-terre.
« C’est lui qui, avec Guy Lafleur, doit partager le record pour le [plus grand] nombre de cartes autographiées et données, a avancé Jean-Guy Dubois. Il ne disait jamais non et était d’une grande générosité. Il prenait aussi toujours le temps d’y aller d’une signature lisible. Il avait cette dimension humaine. »
« Il refusait de jouer le côté jet set qui venait avec le fait d’être un joueur du Canadien, à l’époque, a-t-il ajouté, à propos de ce mari et père de famille. Il s’assurait d’ailleurs que ses enfants restent simples, même si leur père jouait pour le Canadien. »