Un Québécois raconte les horreurs de la guerre
En mai, il effectuera un second voyage dans le pays marqué par la mort et la misère
Un Québécois qui en sera à son deuxième voyage humanitaire en Ukraine en mai prochain raconte qu’il a ressenti la détresse et vu la misère dans lesquelles se trouve la communauté ukrainienne depuis le début de l’invasion russe, il y a maintenant deux ans.
Lorsque Dereck Blouin-Perry, un résident de Québec, a fait ses bagages en vue de se rendre en Ukraine, en novembre dernier, il ne savait pas trop à quoi s’attendre. Ce dernier n’avait toutefois qu’un but en tête : venir en aide. Il a toutefois été grandement marqué de voir la guerre de l’intérieur pendant un mois.
« C’est un choc voir des bambins et des éducatrices de garderie marcher tout bonnement dans la rue à travers les alertes aériennes et les sirènes avant de retourner dans l’abri antibombe pour la troisième fois de la journée », a-t-il confié.
Celui qui est guide de tourisme d’aventure pour la Sépaq en Gaspésie depuis plusieurs années explique s’être approché des lignes de front à plusieurs reprises où il devait s’assurer de ne pas être trouvé par l’ennemi.
« À Kherson c’est terrible. La ville est pratiquement abandonnée, il reste environ 20 % de la population et c’est digne d’un film d’horreur. Tu te promènes dans les rues et tu entends les explosions en continu », explique-t-il.
« C’est triste à dire, mais il y a encore des gens qui habitent là même s’il ne reste plus rien et que toutes les épiceries ont été bombardées. On arrivait là-bas avec des camions remplis de pains durs comme de la roche et des bouteilles d’eau et ils étaient désespérés d’en avoir », renchérit l’interlocuteur.
CIMETIÈRES
Il raconte avoir été particulièrement attristé de voir, lors de son passage à Lviv, une ville de l’ouest de l’Ukraine, un cimetière où les tombes de soldats se comptaient par dizaines. Une réalité qui est loin d’être propre à cette petite ville.
« Comment est-ce qu’on peut rester impassible à ça ? Le pire est que c’est seulement un cimetière et qu’il est loin des lignes de front. Il y en avait des comme ça dans chaque ville où on est allé », raconte M. Blouin-Perry.
DIFFICILE DE RESTER LES BRAS CROISÉS
Même s’il retourne en zone hostile pour un mois complet en mai, il demeure conscient des dangers que cela implique alors qu’il n’a plus de nouvelles de deux de ses amis depuis plusieurs semaines. La seule information qu’il a obtenue jusqu’à maintenant est que deux volontaires étrangers seraient décédés dernièrement.
« Oui, c’est dangereux, mais c’est difficile de ne pas y retourner après ce que j’ai vu. C’est quoi les chances qu’on a dans une vie de faire une vraie différence comme ça, dans une situation comme celle-là ? » se demande-t-il.
« Tu ne peux pas te permettre d’avoir peur devant autant de détresse et de misère. Ce sont leur vie, leur maison, leur pays et c’est tout ce qu’ils ont donc c’est difficile de voir ça et de rester les bras croisés », a conclu M. Blouin-Perry.