Le Journal de Montreal

Encore un bracelet qui n’a pas suffi

On dénombre au moins cinq cas où l’homme aurait échappé à ce mécanisme censé protéger les femmes

- VALÉRIE GONTHIER – Avec Jonathan Tremblay et Michaël Nguyen

Un cinquième homme de la Montérégie aurait réussi à se débarrasse­r de son bracelet antirappro­chement imposé dans un dossier de violence conjugale.

Le 15 janvier, Luc Bouchard aurait fait preuve de persévéran­ce pour se débarrasse­r du dispositif de géolocalis­ation qu’il portait à la cheville. Le Journal a choisi de ne pas dévoiler la façon dont le bracelet a été enlevé, pour des raisons de sécurité.

Mais l’individu n’aurait eu qu’à se procurer un produit en vente libre pour se libérer du bracelet, a-t-on appris.

Depuis le déploiemen­t complet du programme de bracelets antirappro­chements en septembre 2023 dans la province, « trois événements isolés » sont survenus, où des individus ont réussi à détourner le dispositif de sécurité, a fait savoir le ministère de la Sécurité publique par courriel.

Un de ces cas concernait l’homme de 32 ans qui a coupé son dispositif.

Or, selon les premières constatati­ons, le cas de M. Bouchard n’en ferait pas partie. Le Journal a aussi découvert un autre dossier, survenu en mai dernier à Montréal (voir boîte info).

BESOIN DE CONTRÔLE

« Je ne suis pas surprise que ces gens réussissen­t à détourner le mécanisme. Ça démontre une grande volonté à contourner les règles pour poursuivre une tentative d’agression ou de contrôle sur leur partenaire », a dit Claudine Thibaudeau, travailleu­se sociale à SOS violence conjugale.

Mais, selon elle, ces cas ne veulent pas dire que le système est en échec.

« On doit s’attendre à ce que ça se produise dans certaines situations, alors c’est pour ça qu’il faut que les victimes soient au courant des ressources qui s’offrent à elles pour qu’elles puissent rapidement avoir de l’aide », a-t-elle insisté.

Même une femme qui n’a vraisembla­blement pas été protégée par l’imposition d’un bracelet antirappro­chement sur son ex continue à avoir confiance dans le système.

« Moi j’y crois, ça m’a donné un sentiment de sécurité à un moment où j’étais en danger. Il faut que ça continue à être implanté », a lancé l’ex de Bobi Pollak, qui a demandé à ce qu’on taise son identité.

UN PROBLÈME PRÉOCCUPAN­T

Du côté du Regroupeme­nt des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, on trouve « préoccupan­tes » les tentatives multipliée­s de conjoints violents pour déjouer le système.

« Le ministère de la Sécurité publique doit prendre toutes les mesures nécessaire­s pour que les femmes – que le bracelet antirappro­chement est censé protéger – puissent éprouver un sentiment de sécurité et une confiance dans ce mécanisme », a insisté Louise Riendeau, coresponsa­ble des dossiers politiques à l’organisme.

À la Sécurité publique, on assure que le bracelet est « efficace pour assurer la sécurité des victimes de violence conjugale », et qu’il s’agit d’un outil complément­aire pour la sécurité des victimes.

Présenteme­nt au Québec, 216 bracelets antirappro­chements sont en activité.

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PHOTO D’ARCHIVES Attacher un bracelet antirappro­chement ne suffit pas toujours.

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