Encore un bracelet qui n’a pas suffi
On dénombre au moins cinq cas où l’homme aurait échappé à ce mécanisme censé protéger les femmes
Un cinquième homme de la Montérégie aurait réussi à se débarrasser de son bracelet antirapprochement imposé dans un dossier de violence conjugale.
Le 15 janvier, Luc Bouchard aurait fait preuve de persévérance pour se débarrasser du dispositif de géolocalisation qu’il portait à la cheville. Le Journal a choisi de ne pas dévoiler la façon dont le bracelet a été enlevé, pour des raisons de sécurité.
Mais l’individu n’aurait eu qu’à se procurer un produit en vente libre pour se libérer du bracelet, a-t-on appris.
Depuis le déploiement complet du programme de bracelets antirapprochements en septembre 2023 dans la province, « trois événements isolés » sont survenus, où des individus ont réussi à détourner le dispositif de sécurité, a fait savoir le ministère de la Sécurité publique par courriel.
Un de ces cas concernait l’homme de 32 ans qui a coupé son dispositif.
Or, selon les premières constatations, le cas de M. Bouchard n’en ferait pas partie. Le Journal a aussi découvert un autre dossier, survenu en mai dernier à Montréal (voir boîte info).
BESOIN DE CONTRÔLE
« Je ne suis pas surprise que ces gens réussissent à détourner le mécanisme. Ça démontre une grande volonté à contourner les règles pour poursuivre une tentative d’agression ou de contrôle sur leur partenaire », a dit Claudine Thibaudeau, travailleuse sociale à SOS violence conjugale.
Mais, selon elle, ces cas ne veulent pas dire que le système est en échec.
« On doit s’attendre à ce que ça se produise dans certaines situations, alors c’est pour ça qu’il faut que les victimes soient au courant des ressources qui s’offrent à elles pour qu’elles puissent rapidement avoir de l’aide », a-t-elle insisté.
Même une femme qui n’a vraisemblablement pas été protégée par l’imposition d’un bracelet antirapprochement sur son ex continue à avoir confiance dans le système.
« Moi j’y crois, ça m’a donné un sentiment de sécurité à un moment où j’étais en danger. Il faut que ça continue à être implanté », a lancé l’ex de Bobi Pollak, qui a demandé à ce qu’on taise son identité.
UN PROBLÈME PRÉOCCUPANT
Du côté du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, on trouve « préoccupantes » les tentatives multipliées de conjoints violents pour déjouer le système.
« Le ministère de la Sécurité publique doit prendre toutes les mesures nécessaires pour que les femmes – que le bracelet antirapprochement est censé protéger – puissent éprouver un sentiment de sécurité et une confiance dans ce mécanisme », a insisté Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques à l’organisme.
À la Sécurité publique, on assure que le bracelet est « efficace pour assurer la sécurité des victimes de violence conjugale », et qu’il s’agit d’un outil complémentaire pour la sécurité des victimes.
Présentement au Québec, 216 bracelets antirapprochements sont en activité.