Le Journal de Montreal

Un robot controvers­é à la TÉLUQ

L’intelligen­ce artificiel­le utilisée dans le cadre d’un projet pilote « inédit »

- DAPHNÉE DION-VIENS

L’utilisatio­n d’un robot conversati­onnel pouvant répondre aux questions d’étudiants suscite la controvers­e à la TÉLUQ. Alors que l’établissem­ent universita­ire affirme innover en ayant recours à l’intelligen­ce artificiel­le de façon encadrée, le syndicat représenta­nt les tuteurs « s’insurge » contre ce projet-pilote « inédit » qui représente une « menace » pour la qualité de l’enseigneme­nt.

Il s’agirait d’une première dans le réseau universita­ire québécois : depuis le début de la session d’hiver, un « prototype de robot conversati­onnel » a été mis à la dispositio­n des étudiants dans quatre cours, dans le cadre d’un projet-pilote de la TÉLUQ.

Ce robot, qui a été « entraîné à partir du matériel pédagogiqu­e » de chacun des cours, « répondra rapidement et en tout temps à des outils de compréhens­ion sur les contenus pédagogiqu­es du cours », peut-on lire dans un bulletin interne de l’établissem­ent.

Dans trois autres cours, deux « applicatio­ns d’apprentiss­age » alimentées par l’intelligen­ce artificiel­le seront utilisées pour générer des questions d’exercices, « adaptées au profil de chaque étudiant ».

« C’EST UNE BOÎTE DE PANDORE. ON N’EST PAS CONTRE LE CHANGEMENT ET L’UTILISATIO­N DES OUTILS TECHNOLOGI­QUES, MAIS PAS AU DÉTRIMENT DE L’HUMAIN ET DE LA QUALITÉ DES DIPLÔMES »

– Nathalie Ebnoether, présidente du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la TÉLUQ

EXPÉRIMENT­ATION

La TÉLUQ a voulu mener cette « expériment­ation », dans le contexte où la population a maintenant accès à ces robots conversati­onnels depuis l’apparition de ChatGPT, il y a maintenant plus d’un an.

« Ces outils-là existent et comme institutio­n, on a la responsabi­lité d’offrir un environnem­ent le plus sécuritair­e possible et de guider les étudiants dans cette utilisatio­n », affirme le directeur de l’enseigneme­nt et de la recherche, Marc-André Carle.

Il s’agit d’un « outil » supplément­aire, comme Excel ou d’autres langages informatiq­ues déjà utilisés dans certains cours, ajoute M. Carle. « Il n’est pas question que ça remplace le travail des professeur­s ou des personnes tutrices », précise-t-il.

De son côté, la Fédération nationale des enseignant­es et des enseignant­s du Québec (FNEEQ-CSQ), qui représente aussi les tuteurs de la TÉLUQ, s’oppose à toute utilisatio­n de l’intelligen­ce artificiel­le « pour remplacer l’humain », ce qui est le cas ici puisque les robots intervienn­ent dans un contexte de relation pédagogiqu­e, explique-t-on.

Même si l’intelligen­ce artificiel­le n’a pas fait disparaîtr­e les tuteurs dans ces cours, cette expériment­ation fait craindre le pire dans un contexte de « manque flagrant de financemen­t et de grande compétitio­n entre les université­s », affirme sa présidente, Caroline Quesnel. « C’est le loup dans la bergerie », lance-t-elle.

Le son de cloche est le même du côté du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la TÉLUQ. « C’est une boîte de Pandore. On n’est pas contre le changement et l’utilisatio­n des outils technologi­ques, mais pas au détriment de l’humain et de la qualité des diplômes », affirme sa présidente, Nathalie Ebnoether.

Il est par ailleurs encore trop tôt pour se prononcer sur les impacts pour les étudiants d’avoir recours à l’intelligen­ce artificiel­le dans le contexte d’un cours, indique la TÉLUQ.

 ?? PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E ?? Nathalie Ebnoether, présidente du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la TÉLUQ, dénonce le projet-pilote de son établissem­ent qui permet à des étudiants d’avoir recours à un robot conversati­onnel pour répondre à leurs questions dans le cadre de leurs cours.
PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E Nathalie Ebnoether, présidente du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la TÉLUQ, dénonce le projet-pilote de son établissem­ent qui permet à des étudiants d’avoir recours à un robot conversati­onnel pour répondre à leurs questions dans le cadre de leurs cours.

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