QUAND UNE BOÎTE À LETTRES DEVIENT UNE CRÉATURE NOCTURNE
Les longues heures d’efforts soutenus jumelées au manque flagrant de sommeil dans le cadre de l’épreuve Race Across America ont poussé Sébastien Sasseville jusque dans des phases hallucinatoires.
Aujourd’hui, l’athlète émérite peut en rire. Sur le coup, il fallait plutôt apprendre à vivre avec cette drôle de bête qui envahissait soudainement ses pensées.
C’est à compter des jours 5, 6 et 7 de son périple de 12 jours à travers les États-Unis que le subconscient de Sasseville s’est mis à lui jouer des tours.
Plus particulièrement pendant la nuit, quand le corps se mettait à rêver d’un brin de sommeil réparateur et que l’esprit en venait à divaguer.
« On ne parle pas d’une perte de contrôle totale, mais tu vois des choses en avant. Tu es dans les lumières du véhicule de chasse qui te suit. Tu passes à côté de buissons et de boîtes à lettres, puis soudainement à 100 mètres, la boîte à lettres peut devenir une créature », raconte le cycliste en revenant sur ses hallucinations du moment.
EN TOUTE CONSCIENCE
Sasseville affirme qu’il était conscient de se retrouver dans un monde imaginaire, mais qu’il n’y pouvait rien.
« Ce n’était jamais rose, c’était plutôt diabolique et noir, mais quand tu passais à côté, tu voyais bien que ça redevenait une boîte à lettres », rigole-t-il.
« Moi, je prenais conscience que le show partait et je l’accueillais au lieu de me secouer la tête et de refuser ce qui se passait. J’étais capable de me dire que presque personne n’était prêt à aller jusque-là. Il faut réaliser que tu as choisi d’être là et que tu es chanceux d’être là, même quand tu commences à halluciner des choses. »
PROCHE DE L’ABANDON
Ces épisodes hallucinatoires n’étaient en fait que la pointe de l’iceberg. C’est vraiment au jour 9 que le corps et la tête sont tombés et que Sébastien Sasseville a songé à tout larguer.
« J’ai carrément craqué. J’étais en larmes. Tout le monde faisait son travail de façon admirable et je laissais tomber tout le monde », explique-t-il.
« Tout ce qui me restait comme jeu en termes d’heures, mon équipe m’a fait dormir. On m’a expliqué ce qu’il fallait accomplir dans les 24 prochaines heures et psychologiquement, l’esprit est ensuite revenu. La première heure, je n’avais aucun autre objectif que de m’activer en me bougeant les jambes. Peu à peu, j’ai senti que ça allait passer. Si l’équipe m’avait écouté au jour 9, on n’aurait jamais fini la course. »