« COMME DEUX FOIS LE TOUR DE FRANCE EN LA MOITIÉ DU TEMPS »
Sébastien Sasseville a repoussé ses limites lors de la mythique Race Across America
Rien n’arrête Sébastien Sasseville. Ni le diabète de type 1, ni l’Everest, ni le Sahara, ni la traversée du Canada à la course. Même l’épreuve d’ultracyclisme qui est considérée comme la plus difficile au monde n’a pas eu raison de la détermination de l’athlète multifonctionnel de Québec, qui considère que les défis d’endurance les plus démentiels font partie de son équilibre de vie.
« Si tu veux vivre un moment extraordinaire, ça prend un effort extraordinaire. C’est un échange que tu fais », explique avec philosophie l’athlète de 44 ans, qui a vécu à l’été 2022 l’épreuve sportive de sa vie.
Dans le cadre de l’événement Race Across America, Sasseville devait parcourir les États-Unis à vélo de la côte ouest à la côte est, dans un maximum de 12 jours.
On parle ici d’une épopée d’Oceanside, en Californie, jusqu’à Annapolis, au Maryland, sur 4800 km. Logiquement, il est impensable de rouler moins de 20 à 22 h par jour pour arriver à bon port dans les délais prescrits.
Bon an mal an, à peu près 50 % des participants se voient contraints d’abandonner. Sébastien Sasseville est devenu le deuxième diabétique de type 1 à compléter l’épreuve. Il a mis 11 jours, 22 heures et 25 minutes, ce qui lui a valu le 12e rang.
« C’est une expérience mystique. C’est dur à décrire tout ce que tu vis. Quand le compteur est parti, il n’arrête jamais. Le rythme le plus lent que tu peux adopter, c’est 400 km par jour juste pour faire la coupure. De façon réaliste, il faut viser plus autour de 500600 km par jour », relate le survivant.
UNE ÉQUIPE QUI DEVIENT UNE FAMILLE
Race Across America se targue d’être la course cycliste la plus difficile au monde et il est difficile de prétendre le contraire.
« C’est comme deux fois le Tour de France en la moitié du temps », résume parfaitement le natif de Saint-Patrice-de-Beaurivage, dans Lotbinière.
« Au bout de deux ou trois jours, tu ne sais plus ton nom et ta seule job est de pédaler pendant que l’équipe s’occupe du reste. Il y a une énorme logistique derrière cette course », poursuit-il.
En effet, pendant que Sasseville dévorait les kilomètres, toute son équipe s’occupait de subvenir à ses besoins en voyant avec lui pour gérer l’horaire et les déplacements de façon optimale.
« C’est un effort collectif et une réussite collective. Sans équipe, tu ne peux y arriver. Tu passes vite d’une bande d’inconnus à une famille. Ce que je trouve le plus beau dans tout ça, c’est d’accumuler des expériences de vie enrichissantes avec des gens que j’aime », note celui qui a vécu des épreuves d’endurance de toutes sortes avant de connaître ce point culminant.
PLUSIEURS CORDES À SON ARC
Pendant une dizaine d’années, c’est d’abord au monde de l’alpinisme que Sébastien Sasseville s’est consacré. Le 25 mai2008, il devenait d’ailleurs le troisième diabétique de type 1 à travers le monde à atteindre le sommet de l’Everest.
Par la suite, il est devenu abonné aux épreuves Ironman et en 2012, l’appel d’une course complètement différente l’a séduit. En octobre, il complétait la course du Sahara en Égypte, une traversée du désert de 250 km en cinq jours en autonomie complète.
Deux ans plus tard, il s’attaquait à la traversée du Canada à la course, de Saint-Jean de Terre-Neuve à Vancouver. Le parcours de 7500 km, soit l’équivalent de 180 marathons, a été complété en neuf mois.
Toutes ces épreuves ont forgé l’individu résilient qu’il est devenu et ont façonné sa fascination pour Race Across America.
« Dans ce genre d’épreuve, tu dois comprendre que tout est cyclique et ne pas abandonner dans une période de noirceur. Tu dois accepter de ralentir et retourner à la base plutôt que de te flageller. Il y a quelque chose de beau là-dedans. Les épreuves d’endurance aident à cheminer. »
« Pour moi, c’est un gigantesque véhicule de découverte, d’exploration et d’apprentissage », conclut Sasseville.
Pour lui, le terrain de jeu est constamment varié et sans limites. L’un de ses prochains défis est le Big Wolf’s Backyard Ultra, qui consiste à courir des boucles de 6,6 km chaque heure, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un survivant debout. Vous êtes avertis, ne misez pas contre lui !