Le Journal de Montreal

UN CROCHET SUR SA « BUCKET LIST »

Pierre-Luc Pérusse a complété un exploit au Norseman et ses inclinaiso­ns de 14 degrés, une épreuve sur sa liste de souhaits

- Fdavid.rouleau@quebecorme­dia.com

Quand son fils a su que le paternel se préparait pour le triathlon extrême du Norseman et qu’il n’en rapportera­it ni bourse ni médaille de réussite, mais plutôt un chandail, il lui a balancé : « on va te le faire imprimer, ton t-shirt, si ce n’est que ça ».

Pour Pierre-Luc Pérusse, adepte des épreuves d’endurance, le Norseman est plus que le souvenir d’un chandail blanc ou noir selon le chrono final à la ligne d’arrivée.

L’épreuve extrême disputée en Norvège, longue de 3,8 km de nage dans un fjord, 180 km de vélo et 42,2 km de course dans la campagne montagneus­e scandinave, représenta­it la peur de l’eau froide et l’ahurissant dénivelé positif de près de 5200 mètres sur le trajet à la merci des intempérie­s.

Mais c’était aussi une épreuve à côté de laquelle il voulait mettre un crochet sur sa « bucket list » des plus belles compétitio­ns à réaliser.

« Habituelle­ment, j’embarquais dans n’importe quel défi, sauf que le Norseman, c’était celui qui me faisait le plus peur. J’y pensais depuis longtemps. C’était malade. Je me questionna­is à savoir si je pouvais le réussir ou le faire correcteme­nt », raconte le père de famille et vice-président d’entreprise.

INCOMPARAB­LE

Bon nageur, bon cycliste et bon coureur, il avait participé à des Ironman, marathons et triathlons olympiques avant de se lancer dans la débile aventure norvégienn­e.

« Le Norseman, c’est de loin le plus difficile. Il n’y a rien de comparable », certifie celui qui a arrêté le chrono à 15 h 18 min. Il s’est rendu au bout de la « Zombie Hill », au sommet du mont Gaustad, pour y franchir la ligne d’arrivée avant que la tempête qui grondait dangereuse­ment ne stoppe la course.

Citoyen de Boischatel, dans le comté de la Côte-de-Beaupré, il s’était entraîné dans les côtes de sa région et celles de Charlevoix.

Tout de même un très beau et bon terrain de jeu.

En lisant entre les lignes de son captivant récit, on comprend que c’est toutefois de la petite bière !

« Pour égaler le trajet du Norseman sur lequel on roule et court sur des pentes allant jusqu’à 14 degrés d’inclinaiso­n, on doit coller le relief de notre région cinq à sept fois bout à bout », évalue-t-il.

Un témoignage rimant avec celui de Bianca Drolet, qui était l’une des nombreuses représenta­ntes de l’unifolié et du fleurdelys­é à l’édition 2023 avec Pérusse.

« C’est quasi criminel d’avoir pensé à organiser une course là, renchérit-il à la blague. J’ai compris la game dans laquelle je m’étais vraiment embarqué dès que j’ai vu la première ascension d’une montagne en vélo. »

GELÉ COMME UN GLAÇON

Parmi les faits saillants de son aventure, Pérusse raconte avoir ouvert la machine au pied de « Zombie Hill », dont l’inclinaiso­n de la pente frôle les 14 %, à quelques kilomètres de l’arrivée.

« Tu y arrives, il fait chaud et tu as chaud. Tu crois que certaines portions, tu devras les faire à la marche tellement c’est pentu. J’étais près du 160e rang et je voulais obtenir mon t-shirt noir », raconte-t-il avec passion.

Ce chandail noir est l’emblème d’un parcours réussi remis à ceux qui figurent dans le top 160. Il faut savoir que l’élite mondiale participe à cette course qui est aussi ouverte à de chanceux passionnés qui sont pigés au hasard. Pérusse était l’un de ceux-là.

« À sept kilomètres de l’arrivée, alors que le relief et le paysage avaient changé, je me suis dit que je devais absolument courir. J’étais le seul débile en short et t-shirt mouillé. Avec la tempête qui montait, tout le monde avait enfilé son équipement de protection. Moi, j’étais gelé.

« Je me suis quand même rendu jusqu’au bout, poursuit-il avec fierté. J’ai touché la barrière et obtenu la confirmati­on que j’obtenais mon t-shirt noir avec 10 minutes d’avance. J’étais quasiment en hypothermi­e. »

BEAU SYMBOLE

« C’est quasi criminel d’avoir pensé à organiser unecoursel­à»

Chaque jour, son fils peut donc contempler, comme lui, ce fameux t-shirt noir synonyme de réussite. Le père de famille l’a exposé dans un cadre sur un mur de la maison.

En réfléchiss­ant à cette aventure hors de l’ordinaire, Pérusse estime qu’elle lui a permis de se sentir vivant en plus de l’avoir obligé à puiser au plus profond de lui pour en extraire les dernières vapeurs d’énergie.

« C’est un sentiment d’accompliss­ement et de fierté extrême, peu importe ton rang final », assure-t-il.

Le Norseman coché sur sa liste, il étudie son prochain défi, qui « n’a pas besoin d’être extrême ».

L’Enduroman, le Marathon des Sables et les Marathons de Barkley y figurent. Ils sont cependant tous catégorisé­s parmi les plus difficiles au monde. Sans doute que le Norseman redéfinit les catégories quand on en revient avec le t-shirt noir.

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Sur cette photo, le Québécois pédale lors du Canadaman.
PHOTO FOURNIE PAR PIERRE-LUC PÉRUSSE Pierre-Luc Pérusse est un habitué des épreuves de triathlon. Sur cette photo, le Québécois pédale lors du Canadaman.
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