Le Journal de Montreal

DÉJOUER LES MÉDECINS

Quatre ans apr ès la rupture de son tendon d’Achille, Eden Dubuc a participé à une épreuve extrême d’endurance en Martinique

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

Après une opération d’urgence visant à réparer son talon d’Achille en décembre 2019, les médecins avaient averti Eden Dubuc qu’il ne pourrait plus jamais courir ni jouer au hockey. C’était bien mal connaître cet homme persévéran­t et déterminé à faire mentir les pronostics.

Un accident bête survenu à l’occasion d’un voyage familial au Costa Rica a toutefois changé sa vie à 42 ans : il a glissé sur une flaque de boisson gazeuse au sol durant un match de ping-pong endiablé.

« Mettons que ce n’était pas mon moment de gloire, dit le designer industriel et inventeur en riant de bon coeur lorsqu’il raconte son récit au Journal. C’était vraiment une malchance. »

PLAN MIRACULEUX

Suivant son instinct et décidé à poursuivre ses passions, il s’est donc lancé dans des plans de réadaptati­on avec des experts. Non sans aggraver son cas et vivre d’autres frustratio­ns.

Mais rongeant son frein au fil des mois qu’a duré la pandémie, il a réussi à sortir la tête de l’eau et retrouver la mobilité de son pied. Et il a pu courir à nouveau.

Moins de trois ans après sa chirurgie, il a chaussé ses espadrille­s pour deux épreuves d’endurance au Québec. Il a participé au Québec Mégatrail en courant 80 km dans les sentiers de Charlevoix. Puis il a répliqué sans souci avec 65 km à l’Ultratrail de l’Harricana.

Vient ensuite un autre coup dur l’été dernier quand il perd son emploi chez General Electric après 25 ans de service. Le choc lui ouvre toutefois les yeux et il décide de se lancer dans une préparatio­n tardive à une épreuve d’endurance extrême quatre mois plus tard pour accompagne­r une amie.

La TransMarti­nique. Une course en sentiers hyper exigeante de 130 km sur la petite île française des Antilles. Les plus rapides profitent de conditions de parcours optimales à travers les montagnes, la jungle et les plages.

Sous la chaleur écrasante des tropiques, le milieu de peloton en bave plus.

EXPLORATIO­N TOTALE

« Je voulais vraiment participer à des courses extrêmes. Je me suis informé sur l’épreuve. Les photos étaient tellement belles. J’ai donc engagé une coach pour m’aider dans mon alimentati­on, ma gestion d’énergie et mon entraîneme­nt, raconte-t-il avant de résumer son expérience éprouvante de 40 heures et 45 minutes.

« Tu commences à courir à minuit quand il fait 28 °C. Il se met ensuite à mouiller et à faire frette en montant dans les montagnes. T’arrives au sommet du mont Pelé à près de 1400 m d’altitude et c’est tout juste s’il ne neige pas. Autour de toi, c’est la Martinique. Je ne m’attendais pas du tout à ça. »

« Et tu descends dans la jungle, les plantation­s de canne à sucre et de bananes, les deux pieds dans la bouette sous les palmiers, poursuit-il avec passion. Tu montes et tu descends si souvent. Tu cours aussi le long de la plage. Le soleil plombe, il faut chaud. Mais c’est la meilleure expérience, car tu explores toute l’île et tu vois tellement de paysages différents. »

« PETIT POWER NAP »

Une course d’endurance semblable apporte toutefois son lot de défis. Entre autres, éviter de rompre son tendon d’Achille à nouveau sur les sentiers cahoteux. Il a aussi appris à gérer ses réserves d’énergie et s’adapter. Le coureur de 46 ans dit aussi avoir dormi 15 minutes en 48 heures et avoir révisé ses objectifs. Il croyait être en mesure de rallier l’arrivée en 36 heures.

« On se rend compte qu’on n’est pas dans les temps du tout. Il faut savoir contrôler son corps et ses limites ainsi que lâcher prise sur les temps de passage. Il faut rester humble, continuer d’avancer et persévérer, explique celui qui n’a jamais pensé abandonner.

En plus de déjouer les pronostics des médecins livrés quatre ans plus tôt par un jour de Noël, cette épreuve extrême lui a aussi permis de savoir rationalis­er et d’être plus heureux.

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La course d’endurance TransMarti­nique se veut exigeante sur le corps humain en raison des conditions climatique­s et des sentiers. Les participan­ts grimpent des montagnes, se fraient des chemins dans les sentiers de la jungle et longent les plages.

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