Le Journal de Montreal

Des survivante­s du cancer craignent d’être privées de soins

Le financemen­t de la seule clinique spécialisé­e dans le lymphoedèm­e est incertain

- ANOUK LEBEL

Des Québécoise­s craignent d’être privées de soins en raison du financemen­t incertain de la seule clinique de la province spécialisé­e dans le lymphoedèm­e, une enflure chronique et très douloureus­e qui se développe à la suite de certains cancers.

« J’ai une douleur constante, qui est tolérable depuis que je suis suivie à la clinique. Je ne veux surtout pas que ça revienne comme avant. C’était tellement enflé que même les coutures de mes vêtements me faisaient mal », affirme Rosemary Okuda.

La Montréalai­se de 70 ans est suivie à la clinique du lymphoedèm­e du Centre universita­ire de santé McGill (CUSM) depuis cinq ans.

Son lymphoedèm­e prenait la forme d’une enflure très douloureus­e au niveau du tronc après des traitement­s pour enlever un sarcome, un cancer qui s’attaque aux tissus mous du corps comme les muscles et les vaisseaux sanguins.

La biochimist­e de formation ne pouvait plus dormir et bouger comme avant tellement l’inflammati­on lui faisait mal et tant sa peau était fibreuse.

En 2019, Mme Okuda a dû attendre quatre mois pour avoir accès aux soins de la clinique, la seule dans l’est du pays à traiter des cas comme le sien.

En rémission du cancer du sein depuis un an, Nathalie Chamberlan­d vient quant à elle d’avoir son premier rendez-vous.

« J’ai un début de lymphoedèm­e. C’est important de le contrôler rapidement, sinon ça va progresser et ça limite les mouvements. C’est douloureux, cette enflure au bras », s’inquiète la femme de 53 ans.

BAISSE DE FINANCEMEN­T EN AVRIL

Or, selon l’Associatio­n québécoise du lymphoedèm­e, le financemen­t de la clinique sera réduit considérab­lement à partir d’avril.

Déjà ouverte seulement trois jours par semaine, elle ne sera accessible aux patients que plus d’un jour par semaine à peine, a appris la présidente de l’associatio­n, Anne-Marie Joncas. « Les cas désespérés qu’on avait, on va les envoyer où ? C’est inhumain », s’indigne-t-elle.

La grande majorité des personnes qui ont survécu à un cancer et qui sont aux prises avec un lymphoedèm­e sont des femmes. Elles pourraient être des milliers à être touchées par la réduction du service, estime Mme Joncas.

UNE AFFECTION RÉPANDUE

Encore peu connu et peu diagnostiq­ué, le lymphoedèm­e est une conséquenc­e très répandue de certains types de cancers, comme le cancer du sein et les sarcomes, explique-t-elle. Sans soins adéquats, comme des vêtements de compressio­n, l’enflure peut progresser et même provoquer des infections mortelles.

Avare de détails, le CUSM n’infirme pas les craintes de l’Associatio­n, mais évoque être à la recherche de solutions.

« Le soutien financier de la Fondation des Cèdres contre le cancer est prolongé pour une période indétermin­ée, au-delà de trois mois, pour permettre de trouver d’autres solutions de financemen­t », a indiqué par courriel la responsabl­e des communicat­ions, Annie-Claire Fournier.

La Fondation des Cèdres n’a pas répondu à nos demandes.

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PHOTO AGENCE QMI, JOEL LEMAY Rosemary Okuda, 70 ans, est suivie à la clinique du lymphoedèm­e du Centre universita­ire de santé McGill (CUSM) depuis cinq ans.

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