Il faut plus de transparence au Québec
Dans un récent dossier spécial et un reportage de J.E, il a été révélé que près de 85 % des grandes municipalités québécoises ne reçoivent pas les services ambulanciers à temps pour sauver des vies. Cette situation alarmante met en lumière l’urgence d’une transparence accrue de la part du gouvernement du Québec concernant la couverture des services préhospitaliers d’urgence.
Les Québécois sont en droit de demander au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) des explications sur les demandes d’ajout de services ambulanciers soumises par les acteurs du préhospitalier, les CISSS, les élus provinciaux et municipaux des dernières années.
Quels sont les critères et le processus décisionnel ayant mené à ces décisions ? La population mérite de comprendre sur quelles bases les ressources sont allouées ou refusées dans ce secteur vital.
AJOUT DE SERVICES AMBULANCIERS
Les décisions d’ajout d’heures de services ambulanciers supplémentaires, lorsqu’elles sont prises, font l’objet d’annonces publiques par voie de communiqué de presse du MSSS. À l’inverse, pour les régions où le ministère refuse d’ajouter des ressources pour améliorer la couverture aux citoyens, ces décisions restent dans l’ombre, sans justification publique.
Pourtant, la Loi sur les services préhospitaliers d’urgence confie au MSSS la responsabilité de déterminer le nombre d’équipes de paramédics nécessaires pour couvrir un territoire en se basant sur l’analyse des CISSS.
Les CISSS n’ont aucun pouvoir décisionnel. Les services ambulanciers, eux, ont la responsabilité de livrer les heures prévues et d’atteindre les critères de performance opérationnels. Ils ne peuvent, de leur propre chef, ajouter des ressources sur le territoire afin d’améliorer la couverture sans avoir obtenu une autorisation formelle des CISSS et mettre leurs permis d’exploitation de services ambulanciers à risque. L’agilité du système préhospitalier se trouve le plus souvent déficiente parce que les décisions tardent et sont prises souvent trop tard et trop loin du terrain.
Malgré le manque récurrent de ressources et faute d’obtenir des autorisations du MSSS, les CISSS travaillent d’arrache-pied avec les services ambulanciers pour ajouter des heures de services temporaires et ainsi réduire les risques sur leur territoire. Ces ajouts sont parfois dépendants d’un financement temporaire du MSSS ou à d’autres moments, les CISSS doivent être créatifs vis-à-vis de leur budget pour répondre aux besoins criants de leur population.
DÉLAIS
L’instauration de cibles précises pour les délais d’intervention ambulancière est cruciale et assurément la première étape. Actuellement, l’absence de telles directives au Québec et l’obscurité autour des décisions rendent difficile l’évaluation de l’adéquation de la couverture ambulancière sur un territoire. La mise en place de ces cibles permettrait non seulement d’améliorer la réactivité des instances gouvernementales et la cohérence des décisions dans la gestion du système préhospitalier d’urgence, mais aussi de déterminer de manière plus précise si la couverture ambulancière est suffisante.
Il est temps que le gouvernement du Québec fasse preuve de transparence et d’imputabilité envers ses citoyens. Les décisions concernant la gestion des services ambulanciers touchent directement la vie et la sécurité de la population. Seule une telle transparence permettra de restaurer la confiance dans notre système de santé et d’assurer que chaque Québécois recevra les soins en temps opportun. Il est de notre devoir collectif de veiller à ce que notre système de services d’urgence soit à la hauteur des attentes et des besoins de la population.
Claude Lachance, président, Association des propriétaires d’ambulances régionaux (APAR)
Maxime Laviolette, président, Coalition des entreprises de services paramédicaux du Québec (CESPQ)
Dr Sébastien Toussaint, président, Corporation des services d’ambulance du Québec (CSAQ)