Le Journal de Montreal

GRANDIR À PAS DE GÉANT

Martine Marois a constammen­t évolué à ses cinq présences au Tor des Géants et au Tor des Glaciers

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

En 2018, Martine Marois avait failli laisser sa peau dans les Alpes italiennes. De retour en 2019, elle avait triomphé du Tor des Géants. Cinq ans plus tard, la Québécoise continue de crapahuter sur les plus hautes cimes européenne­s, cette fois, dans un défi d’autant plus intense que représente le Tor des Glaciers.

La section des Alpes dans la Vallée d’Aoste, dans le nord-ouest de l’Italie, c’est la deuxième maison de la coureuse de fond de 49 ans. Elle y a trouvé la sérénité.

À son deuxième essai, la femme maintenant âgée de 49 ans a réussi le Tor des Géants, une course d’endurance en sentiers dans les montagnes longue de 339 kilomètres.

Depuis deux ans, elle tente de relever un nouveau défi, celui du Tor des Glaciers. Les 200 coureurs de cette épreuve extrême d’endurance doivent franchir 450 km en 190 heures alors que le tracé est majoritair­ement situé au-delà des 2000 mètres d’altitude. Au passage, ils encaissent 32 000 mètres de dénivelé positif en moins de huit jours.

« C’est une compétitio­n beaucoup plus complexe en raison de la gestion du temps, des réserves et de la logistique. Il y a seulement trois bases de vie sur le trajet plutôt que six durant le Tor des Géants, expliquet-elle alors qu’une base de vie est un gîte en montagne où il est possible de se nourrir et dormir. Ce qui signifie qu’il faut planifier et traîner de la bouffe sur 160 km en autonomie complète. C’est énorme. »

« Les barrières horaires sont aussi extrêmemen­t difficiles à soutenir, ajoute-t-elle. C’est le gros sujet de discussion chaque année. Tant que la dernière n’est pas franchie, on n’est pas assuré de finir à temps. »

MALCHANCES

En 2022 et 2023, Marois a tout tenté pour réussir cette épreuve. Elle s’est dotée d’un entraîneur qui l’a fait avec panache. Elle a étudié le trajet et s’est acclimatée dans les montagnes de la vallée.

À sa première tentative, elle est tombée au combat au 206e kilomètre, envoyée au tapis par une possible contaminat­ion croisée lors de son arrêt au premier gîte. Deux coureurs auraient étendu leur gueuleton contenant du pain sur la table.

Malgré toutes ses précaution­s, Marois n’a eu aucune chance, elle qui est atteinte de la maladie coeliaque, une maladie chronique auto-immune qui entraîne l’inflammati­on et une destructio­n inflammato­ire du petit intestin à l’ingestion de gluten.

Donc rien à faire, prise dans les montagnes entre 2000 et 4500 mètres d’altitude, loin de tout.

En 2023, elle est débarquée dans les Alpes plusieurs semaines avant le début de la course afin de s’entraîner. Mais trois jours après son arrivée, elle a croisé un chien qui a montré les dents. Posant un geste brusque pour changer de direction, elle a déchiré un ménisque. C’en était fait pour sa participat­ion qu’elle a remise à septembre prochain.

CONSTANTE ÉVOLUTION

En 2018, elle se disait une « fille ordinaire souhaitant réaliser des choses extraordin­aires ». Six ans plus tard, elle continue à repousser les limites.

Pourquoi constammen­t dans les Alpes pour les compétitio­ns Tor ?

« Parce que je suis attirée par cette course qui me fait évoluer constammen­t. Je me sens en sécurité dans ces montagnes, même si j’y suis seule la nuit avec cette faune. J’y sens une énergie spéciale », explique la mère de trois enfants qui lui ont offert trois petits-enfants.

« J’y suis authentiqu­e dans ma plus grande vulnérabil­ité, ajoute celle qui aime aussi la connexion avec les gens de l’endroit. C’est une richesse. Ça vaut plus que la médaille en soit. »

À travers ses participat­ions, Marois a découvert qu’une aventurièr­e sommeillai­t en elle. Elle a appris de ses échecs.

« J’ai besoin d’évoluer et de faire progresser la femme en moi. Les montagnes me permettent de maîtriser la confiance en moi avec ces redoutable­s obstacles. On doit déployer une force et repousser ses limites physiques, émotives et psychologi­ques. Il faut savoir avancer malgré le résultat. La vulnérabil­ité n’est pas une faiblesse. Il faut avoir le courage d’y faire face. »

Ses multiples présences dans ces épreuves d’endurance l’ont d’ailleurs incitée à laisser son travail et rediriger sa carrière. Avec son grand complice du Tor et conjoint, Danny Landry, elle a fondé son « cabinet-conseil » afin de guider une cinquantai­ne d’athlètes et sportifs dans le dépassemen­t de soi. Ils multiplien­t les sorties en montagnes au Québec et dans le nord-est des États-Unis.

La communauté à qui ils transmette­nt leurs connaissan­ces et compétence­s compte près de 1000 membres.

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 ?? PHOTOS FOURNIES PAR PAR MARTINE MAROIS ?? Martine Marois est passionnée par les courses d’ultra-trail en montagnes comme le Tor des Géants et le Tor des Glaciers qui se déroulent dans les Alpes.
PHOTOS FOURNIES PAR PAR MARTINE MAROIS Martine Marois est passionnée par les courses d’ultra-trail en montagnes comme le Tor des Géants et le Tor des Glaciers qui se déroulent dans les Alpes.

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