Le Journal de Montreal

« PLUS PLAISANT QUE DE MANGER DU CHOCOLAT »

L eco ureur profession­nel Mathieu Blanchard figure parmi l’élite mondiale des compétitio­ns d’ultra-trail

- Fdavid.rouleau@quebecorme­dia.com

Il n’y a pas si longtemps, l’ingénieur Mathieu Blanchard arpentait à la course les rues de Montréal pour se rendre au boulot et les sentiers du Québec pour s’amuser. Une pandémie, une exotique émission de téléréalit­é française et de nombreux records en poche plus tard, il figure parmi l’élite mondiale de son sport en se mesurant à des défis extrêmes.

En France, son pays d’origine avant de s’exiler vers le Québec et obtenir sa citoyennet­é canadienne, son nom n’est plus à faire. Il s’inscrit parmi les vedettes des courses d’ultra très prisées et médiatisée­s à travers l’Europe.

Chez nous, il s’est fait connaître, entre autres, à l’Ultra-Trail Harricana (UTHC), où il avait établi un record à l’épreuve de 80 km en 2016, en plus des autres courses d’endurance auxquelles il avait participé.

En 2022, il a inscrit son nom dans le livre d’histoire de la prestigieu­se course de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) en franchissa­nt le fil d’arrivée en moins de 20 heures, précédé d’un autre grand nom de sa discipline, Kilian Jornet, membre du top 3 mondial.

DE L’ARGENT AU CHOCOLAT

À sa manière, Blanchard détient le record du nombre de médailles à l’UTMB, la course en sentiers la « plus mythique et prestigieu­se au monde ». Celle-ci s’étire sur 171 km en sentiers dans les montagnes de trois pays en avalant 10 000 mètres de dénivelé positif. Elle fait le tour du légendaire Mont-Blanc, ayant comme point de départ et arrivée Chamonix.

« En fait, je possède la médaille d’argent, la médaille de bronze et la médaille de chocolat pour la quatrième place. Il ne me manque que la plus importante, l’or », résume avec humour l’athlète ayant passé chez les pros en 2019, en entrevue téléphoniq­ue avec Le Journal depuis un camp perché dans les Alpes.

Justement, parlant de cacao, Blanchard estime que, pour lui, courir des épreuves d’ultra lui procure autant de plaisir que de manger du chocolat. Chacun ses plaisirs !

« C’est là que j’ai trouvé le plus de plaisir et d’épanouisse­ment. C’est ma nature et ma personnali­té qui s’expriment dans ce sport. Le monde de l’aventure nous sort de notre zone de confort », souligne celui qui compte aussi la médaille de bronze au Marathon des Sables (2023) et des victoires à plusieurs courses, dont la TransMarti­nique (2017).

AVENTURIER DE NATURE

Aujourd’hui, il se promène à travers l’Amérique et l’Europe pour participer aux plus grandes épreuves d’ultra-trail. Dès qu’un défi de taille se présente, il lève la main.

« Ce n’est plus la distance qui me fait peur, car j’ai développé mon corps pour la franchir, assure celui qui gambade sur des centaines de kilomètres. Ce qui m’effraie, c’est la vitesse pour y arriver. On peut se faire très mal. Le corps met des semaines et des mois à s’en remettre », confie celui qui diminue ses présences par année.

Dans sa préparatio­n, il explique qu’il doit bien gérer son énergie. La charge d’entraîneme­nt doit respecter l’équation du volume et de l’intensité. Il prend aussi grand soin de sa nutrition et de son sommeil en plus de reposer sa tête.

En courant sous la barre des 20 heures à l’UTMB, le Québécois raconte avoir pris des mois à retrouver sa pleine vitalité, sa hargne et sa motivation.

« Mon foie et mes reins avaient beaucoup souffert. Côté psychologi­que, c’est aussi très difficile, car à un certain moment, la tête ne suit plus. Le corps se remet plus vite que la tête en fait. »

DOUBLE TRANCHANT

Bloqué par la pandémie à l’automne 2020, Blanchard s’inscrit et figure finalement parmi les 24 participan­ts à la populaire émission française de téléréalit­é Koh-Lanta : Les 4 Terres, aux îles Fidji, diffusée sur la chaîne TF1.

Une expérience frappante, tant positive que négative sur sa nouvelle carrière.

« Ça m’a amené une plus grande visibilité médiatique et ajouté des membres à ma communauté sur les réseaux sociaux. Mes contrats ont été négociés à la hausse avec mes partenaire­s, car les paysages magnifique­s que j’affiche et la création de contenu ont beaucoup d’importance pour eux, explique-t-il.

« De l’autre côté, cette émission m’a collé une étiquette de gars de téléréalit­é sur le circuit ultra-trail. J’étais bon et beau pour sourire à la télé, mais je ne valais rien sur les sentiers. Les médias et les gens n’étaient pas tendres envers moi.

« Ma troisième place à l’UTMB, le Super Bowl de ma discipline, tout de suite après Koh-Lanta en 2021, a changé cette image de mec de télé. C’était un bon pied de nez à ceux qui disaient du mal de moi. Et ça démontre ma passion tant pour ce sport que pour le trail. »

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PHOTO FOURNIE PAR MATHIEU BLANCHARD Mathieu Blanchard se lance dans toutes sortes de défis d’endurance. Il a d’ailleurs couru dans le désert du Sahara pour le Marathon des Sables.
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