Le Journal de Montreal

Un père échoue à protéger l’agresseur de sa fille

- MICHAËL NGUYEN

Un père de famille qui avait tenté de protéger l’agresseur de sa propre fille en témoignant contre elle a finalement échoué à faire renverser la culpabilit­é, même s’il avait juré que les agressions n’avaient pas pu être commises.

« Rien dans le témoignage du père de la plaignante n’amène le tribunal à croire la défense de l’accusé [...], rien dans ce témoignage ne discrédite la plaignante quant à la survenance des agressions sexuelles », a récemment tranché la juge Julie Riendeau au palais de justice de Montréal.

Juste après, la magistrate confirmait la culpabilit­é de Rhéal Landry, au grand dam de ce dernier, qui espérait ainsi s’en sortir pour un attentat à la pudeur commis dans les années 1970 sur une enfant d’à peine sept ans.

DANS LE SOUS-SOL

C’est qu’à l’époque, Landry, aujourd’hui âgé de 86 ans, travaillai­t dans l’industrie du remorquage. Proche du père de la victime, il avait à se rendre chez ce dernier et c’est là qu’il agressait sexuelleme­nt l’enfant.

« Ça arrivait dans le sous-sol ou dans la chambre », avait mentionné la juge en parlant d’une dizaine d’agressions, entre 1972 et 1976.

L’enfant, maintenant adulte, en avait finalement parlé à sa mère. Cette dernière avait fait le guet et avait fini par surprendre Landry entrant dans la chambre de l’enfant. Pris la main dans le sac, Landry s’était alors éloigné de la famille.

Au terme de son procès, Landry avait été reconnu coupable. Or, à la grande surprise de tous, le père de la victime s’est alors manifesté en jurant avoir de la preuve pertinente... pour disculper l’accusé.

Dans un geste rarissime, la juge n’avait pas eu le choix de rouvrir la preuve et de permettre au père de témoigner.

PÈRE PAS CRÉDIBLE

Ainsi, lors d’une nouvelle audience, le père a juré que l’accusé n’allait pratiqueme­nt jamais chez lui, et donc que les

agressions n’auraient pas pu survenir. Il a également tenté de discrédite­r sa fille en affirmant que sa descriptio­n des lieux était fausse.

Il avait également tenté de faire croire qu’il n’était au courant d’aucun crime sexuel de la part de l’accusé, comme pour jeter un doute sur la version de sa fille, qui avait finalement porté plainte en 2019.

Sauf qu’après avoir écouté ce témoignage, la juge a tranché que cela ne changerait rien au verdict de culpabilit­é, faute de crédibilit­é.

« Il a une tendance générale à écarter de son récit tout élément laissant entrevoir la possibilit­é que l’accusé s’en soit pris à sa fille », a d’ailleurs noté la juge en confirmant son verdict.

Notons que l’homme ne peut être nommé, afin de protéger l’identité de la victime.

Landry, qui a ainsi échoué une deuxième fois à s’en tirer, reviendra donc à la cour dans les prochaines semaines pour les plaidoirie­s sur la peine à lui imposer.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Rhéal Landry au palais de justice de Montréal, en décembre 2022, quand il a été déclaré coupable d’attentat à la pudeur pour des gestes sexuels posés sur une enfant dans les années 70.
PHOTO D’ARCHIVES Rhéal Landry au palais de justice de Montréal, en décembre 2022, quand il a été déclaré coupable d’attentat à la pudeur pour des gestes sexuels posés sur une enfant dans les années 70.

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