Il faut à tout prix battre Poutine
Deux longues années ont passé depuis le jour où Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine. Deux ans, c’est long, et on entend une fatigue chez nous. On entend un questionnement sur la pertinence de continuer à supporter l’Ukraine.
Nous avons nos propres problèmes : le coût de l’épicerie, l’attente en santé, les nids-de-poule. Devons-nous nous occuper de ce qui apparaît comme le problème des autres ? Nous vivons avec nos propres difficultés économiques, sommes-nous vraiment disposés à envoyer des milliards dans un pays qui paraît loin ?
La tentation peut être forte de s’en laver les mains, pensant que cette guerre n’est pas la nôtre.
Ce serait une erreur magistrale.
Parce qu’ils sont plus proches géographiquement, les Européens sont aujourd’hui bien plus conscients de la menace que représente la Russie de Poutine.
NOS SOLDATS AU COMBAT ?
Avec le temps qui passe, on entend la tentation des gens d’ici de s’en laver les mains
Ce n’est pas un hasard si Emmanuel Macron a lancé un message aussi fort cette semaine. Il a réitéré que « la Russie ne doit pas gagner cette guerre ». Il a même osé ouvrir la porte à l’envoi de troupes au sol pour combattre l’armée russe.
L’a-t-il dit pour dissuader Poutine ? L’a-t-il dit pour réveiller des pays comme le Canada sur le caractère crucial du conflit ? L’a-t-il fait pour préparer les esprits au cas où l’on doive vraiment en arriver là ? Dans tous les cas, il a rappelé au monde la catastrophe que représenterait une victoire russe.
Considérons d’abord que dès que Poutine ressort de cette guerre avec des territoires annexés, il pourra prétendre à une victoire. Il aurait agrandi le territoire de la Russie deux fois en une décennie. La Crimée par annexion puis l’est de l’Ukraine par les armes. Il faut être très naïf pour croire qu’il s’arrêterait là.
Toute forme de victoire va nourrir ses ambitions expansionnistes. Les sceptiques de cette thèse doivent aller relire au plus vite l’histoire des débuts de la Deuxième Guerre mondiale. Ils étaient nombreux à trouver Churchill alarmiste concernant les nazis, et ils ont laissé Hitler mettre en branle les premières phases de son plan sans réagir.
Et Poutine aura un successeur éventuellement. Si la thèse expansionniste de Poutine s’avère un succès, la logique veut que son successeur continue dans la même veine à sa retraite ou à son décès. En cas d’échec cuisant, il y aura une remise en question.
PRIX ÉLEVÉ
Vous pensez que mener cette guerre à terme va coûter cher au Canada ? Imaginez le scénario où Poutine prend l’Ukraine complètement. La Russie aurait une frontière commune avec la Roumanie, la Hongrie, la Moldavie, la Slovaquie, la Pologne. Cette avancée dans l’Europe parmi des pays de l’OTAN engendrerait des dépenses militaires effarantes.
Le Canada serait sollicité pendant une très longue période par ses alliés pour participer à consolider cette ligne de défense. Cela coûterait bien plus cher.
Et je ne parle même pas de notre frontière nord, dans l’Arctique, où la Russie pourrait nous menacer directement.
Malgré le temps qui passe, la lâcheté n’est pas une option.