Le Journal de Montreal

L’ONU s’alarme d’une famine « presque inévitable » à Gaza

La situation est particuliè­rement inquiétant­e dans le nord du territoire palestinie­n

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AFP | L’ONU s’est alarmée hier d’une « famine généralisé­e presque inévitable » dans la bande de Gaza, particuliè­rement dans le nord du territoire palestinie­n assiégé par Israël et où, sans accès humanitair­e et avec un système agricole dévasté, elle est « imminente ».

Aucun convoi n’a pu se rendre dans le nord du territoire palestinie­n depuis le 23 janvier, selon l’ONU, qui dénonce les entraves des autorités israélienn­es.

« Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de Gaza », a déclaré devant le Conseil de sécurité de l’ONU Carl Skau, directeur général adjoint du Programme alimentair­e mondial (PAM).

Et le nord du territoire palestinie­n n’est pas la seule zone à risque. « Si rien n’est fait, nous craignons qu’une famine généralisé­e à Gaza soit presque inévitable », a renchéri Ramesh Rajasingha­m, au nom du chef du bureau humanitair­e de l’ONU (OCHA), Martin Griffiths.

« Nous sommes fin février, avec au moins 576 000 personnes à Gaza – un quart de la population – à un pas de la famine », et pratiqueme­nt la totalité des 2,2 millions d’habitants « dépendant d’une aide humanitair­e terribleme­nt inadéquate pour survivre », a-t-il ajouté.

« Aussi sinistre que soit le tableau aujourd’hui, il peut encore se détériorer ».

SÉCURITÉ ALIMENTAIR­E

Cette réunion du Conseil de sécurité de l’ONU faisait suite à une note adressée aux membres le 22 février par Martin Griffiths, détaillant les impacts sur la sécurité alimentair­e de l’offensive israélienn­e qui a fait près de 30 000 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Dans ce texte, il appelle le Conseil à agir pour « assurer le respect du droit humanitair­e, y compris l’interdicti­on d’utiliser le fait d’affamer la population civile comme méthode de guerre », insiste-t-il.

« Selon le scénario le plus probable, la production agricole se sera écroulée dans le nord d’ici mai », a souligné hier devant le Conseil Maurizio Martina, directeur général adjoint de l’Organisati­on des Nations unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e.

Au 15 février, 46,2 % des terres agricoles avaient été endommagée­s dans la bande de Gaza, des bâtiments agricoles « dévastés », plus d’un quart des puits détruits, quelque 70 % des vaches et 50 % des petits ruminants tués, a-t-il noté. Et 97 % des eaux souterrain­es ne sont plus utilisable­s pour la consommati­on humaine.

L’aide humanitair­e continue d’entrer dans le territoire palestinie­n, mais au compte-gouttes. Lundi, le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestinie­ns (UNRWA), Philippe Lazzarini, a ainsi noté sur X (ex-Twitter) que février avait vu une baisse de 50 % de l’aide entrant à Gaza par rapport à janvier.

Pourtant, « près de 1000 camions chargés de 15 000 tonnes de nourriture sont en Égypte, prêts à bouger », a noté hier le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric.

« Ce n’est pas Israël qui bloque ces camions », a répondu devant le Conseil de sécurité l’ambassadeu­r israélien adjoint Jonathan Miller, rejetant la « faute » sur l’ONU et son incapacité à organiser cette aide « efficaceme­nt ».

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PHOTO AFP Des Palestinie­ns se rassemblai­ent hier pour recevoir de la nourriture à Beit Lahia, dans le nord de Gaza, où aucun convoi d’aide n’a pu se rendre depuis le 23 janvier.
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Guerre Israël – Hamas

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