Au service de la santé mentale
Une stratégie afin d’améliorer le bien-être des athlètes sera dévoilée aujourd’hui
Les enjeux de santé mentale sont bien présents dans le sport de haut niveau, et le tennis n’y fait pas exception. Dans la foulée des témoignages de Naomi Osaka et de Bianca Andreescu, qui ont parlé ouvertement de leurs problèmes, Tennis Canada dévoilera, ce matin, les grandes lignes d’une stratégie qui a pris 15 mois d’élaboration et qui vise à aborder de front les enjeux de santé mentale pour ses athlètes.
Ce projet, développé en partenariat avec l’École des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa ainsi que le Centre canadien de la santé mentale et du sport (CCSMS), notamment, vise une amélioration, par l’intermédiaire de différents paliers, du bien-être des athlètes, des entraîneurs et de tout membre impliqué avec Tennis Canada.
Il est notamment basé sur la science ; des données seront compilées et serviront à peaufiner la Stratégie en matière de santé mentale pour le sport de haut niveau au Canada, lancée par le CCSMS en 2021.
« En tant qu’ancienne joueuse, j’aurais aimé que ce plan soit là quand je jouais, a reconnu celle qui agit aujourd’hui à titre de directrice de l’Omnium Banque Nationale, Valérie Tétreault. Surtout pour assurer la transition entre les rangs juniors et professionnels. »
Selon elle, il s’agit là de l’une des périodes les plus difficiles sur le plan psychologique de la carrière d’une joueuse ou d’un joueur de tennis.
« Quand tu joues junior, tu es encadré par la fédération. Quand tu voyages, c’est dans le cadre d’une tournée et, donc, même si ça demeure un sport individuel, tu es entouré d’autres joueurs canadiens et tu as un peu l’impression de faire partie d’une équipe. Quand tu fais la transition vers les pros, à moins d’avoir une énorme équipe avec toi, tu vis ça seul. Tu te retrouves au travers de plein d’autres joueuses, souvent plus vieilles que toi, et qui ont comme but de gagner leur vie. »
L’EXEMPLE D’ANDREESCU
Dans le cas d’Andreescu, ce n’est pas nécessairement la transition vers les professionnels, mais plutôt un mélange de blessures et d’attention grandissante engendrées par ses succès, combiné avec sa victoire à l’Omnium des États-Unis et la pandémie, qui aura fait en sorte qu’elle a dû prendre une pause de son sport.
Il s’agit là d’un exemple parmi tant d’autres, mais, lorsqu’il s’agit d’une gagnante d’un Grand Chelem qui en parle, l’impact est décuplé sur les autres joueurs, estime Tétreault.
« Pendant des années, on a investi beaucoup pour pouvoir être capable de sortir le meilleur physiquement de chaque athlète même si on continuait de répéter que, le tennis, c’est 80 % dans la tête.
« Les outils à leur disposition aujourd’hui peuvent peut-être les amener à rester dans le sport plus longtemps. Quand je jouais, je n’avais pas beaucoup d’équilibre. C’était tennis, tennis, tennis, et ça m’a menée à prendre ma retraite plus tôt pour être en mesure de retrouver un meilleur équilibre. »
UN PLAN SUR PLUSIEURS ÉTAPES
Le plan mis sur pied par Tennis Canada en collaboration avec ses partenaires visera donc, entre autres, à aider tout le monde gravitant dans le tennis de haut niveau à maintenir un équilibre au moyen de formations, de soutien accru et de ressources diverses à la disposition de tous.
D’ailleurs, une doctorante de l’Université d’Ottawa sera chargée d’amasser des données pour la recherche en supervisant ce projet qui sera déployé dans le Centre national de tennis et les équipes canadiennes à partir de 2024, dans les structures de compétition dès 2025 et dans les clubs et les académies des provinces d’ici 2026.