Le Journal de Montreal

Le PM savoure « une belle victoire »

L’interdicti­on des signes religieux s’applique aux commission­s scolaires anglophone­s, dit la Cour d’appel

- PATRICK BELLEROSE Bureau parlementa­ire - Avec Michaël Nguyen

Le gouverneme­nt Legault a remporté une importante victoire, hier. La Cour d’appel maintient l’interdicti­on des signes religieux pour les employés de l’État en position d’autorité et renverse le jugement de première instance qui en exemptait les commission­s scolaires anglophone­s.

Le jugement unanime des trois juges donne raison au gouverneme­nt Legault pratiqueme­nt sur toute la ligne.

Dans une courte déclaratio­n, le premier ministre François Legault s’est d’ailleurs réjoui de voir le tribunal maintenir la Loi sur la laïcité, adoptée en 2019. « C’est vraiment une belle victoire pour la nation québécoise », a-t-il déclaré.

Son gouverneme­nt va « continuer d’utiliser la clause de souveraine­té parlementa­ire [...] aussi longtemps qu’il va le falloir pour que le Canada reconnaiss­e les choix de société de la nation québécoise », affirme-t-il.

Ainsi, la Cour d’appel reconnaît le droit du Québec d’interdire le port de signes religieux aux juges, procureurs, policiers, gardiens de prison, et enseignant­s dans l’exercice de leurs fonctions. Le tribunal confirme également la validité de l’utilisatio­n de la clause dérogatoir­e pour soustraire la loi aux contestati­ons judiciaire­s.

COMMISSION­S SCOLAIRES

Mais surtout, les juges infirment la décision de la Cour supérieure, qui avait exempté les commission­s scolaires de l’applicatio­n de la loi. Pour se justifier, le juge Marc-André Blanchard avait utilisé un article de la Charte canadienne des droits et libertés qui protège les minorités linguistiq­ues et leur culture.

La Cour d’appel n’est pas d’accord avec cette lecture et affirme plutôt que la Loi sur la laïcité « n’affecte pas les droits scolaires linguistiq­ues » que la Charte confère à la minorité anglophone du Québec.

FEMMES MUSULMANES AFFECTÉES

La commission scolaire English-Montréal, qui contestait la loi, estime que la mesure contrevien­t à son droit de « gestion et de contrôle » en plus d’envoyer « un message d’intoléranc­e et d’exclusion à nos élèves et à leur famille ».

« Nous devrions avoir le droit d’employer des professeur­es sans ces règles arbitraire­s », a commenté son président, Joe Ortona, à la sortie du tribunal.

Dans son jugement, la Cour d’appel reconnaît d’ailleurs que la loi affecte certaines personnes, dont les femmes de confession musulmane qui portent le niqab ou la burqa.

Au bureau du premier ministre, on s’est dit surpris de l’unanimité des juges, et de la clarté de la décision, contrairem­ent au jugement de la cour supérieure.

« On se préparait à tous les scénarios, mais on n’aurait pas parié sur celui-là, c’est une belle surprise », a-t-on confié.

« L’impact sera considérab­le, au point notamment de les priver de toute perspectiv­e d’emploi dans des organismes publics ou parapublic­s de compétence provincial­e », peut-on lire dans la décision.

SIÉGER À VISAGE COUVERT

Québec perd toutefois sur un point : l’interdicti­on de siéger à visage couvert à l’Assemblée nationale contrevien­t à la Charte canadienne et doit être rendue inopérante, écrit la Cour.

En effet, l’article 3 de la Charte prévoit que « tout citoyen canadien a le droit de vote et est éligible aux élections législativ­es fédérales ou provincial­es ».

 ?? CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES ?? François Legault s’est réjoui, hier, de la décision de la Cour d’appel du Québec, qui valide la Loi sur la laïcité de l’État.
CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES François Legault s’est réjoui, hier, de la décision de la Cour d’appel du Québec, qui valide la Loi sur la laïcité de l’État.

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